Erland & The Carnival – « Nightingale »

Erland & The Carnival – « Nightingale »

erland180Album
(Full Time Hobby)
04/03/2011
Pop

Sorte de All-Star Band du pauvre, ce collectif signe l’aventure commune de Simon Tong (guitariste de The Good, The Bad & The Queen, Blur et des plus dispensables The Verve), de Paul Knock (batteur officiant au sein du Fireman de McCartney) et du méconnu chanteur et guitariste Erland Coope. Si le groupe est avant tout l’affaire de ce dernier, « Nightingale » masque mal l’influence latente de Damon Albarn, mécène logistique et spirituel, et fleure bon l’Angleterre Victorienne déjà narrée au sein de l’album éponyme de The Good… sans toutefois atteindre son brio, ni même son ambition.

Néanmoins, si « Nightingale » est probablement plus modeste, il n’est pas sans compter quelques superbes chansons pop, telles que l’épique « Emmeline » ou l’hallucinée « I Wish, I Wish ». Ainsi, c’est en multipliant les écoutes que la richesse de cet album se dévoile peu à peu. Dans le détail, le trio n’hésite pas alors à laisser place à quelques expérimentations électroniques et analogiques, accompagnant ses guitares de vieux orgues et synthétiseurs perdus dans les studios de la moitié de Gorillaz. D’ailleurs, il est presque malheureux que le combo ne se laisse pas plus aller aux bidouillages car il ne brille pas plus lors des compositions plus classiques, sans démériter pour autant. Qu’on ne s’y trompe pas cependant, ce deuxième disque laisse entrevoir une audace et un talent certain. Que ce soit dans l’intimité ou dans le lyrisme, la dernière partie dévoile en effet une pop élégante, sculptée à la précision, homérique avec « The Trees They Grow So High », erratique avec « Welldie », ou onirique avec « Nothing Can Remain ». Erland and the Carnival se paye même le luxe de jeter un tube britpop FM à l’ancienne, sur « Springtime » que n’aurait pas renié Pulp.

Malgré tout, aussi ingénieux soit-il, « Nightingale » reste probablement trop lisse, trop riche pour aspirer à retranscrire le carnaval burlesque et romantique qu’il prétend être. Utilisant pour titre le chant mélodieux d’un oiseau mâle, l’album séduit sans pour autant se faire indispensable, limité par les frontières que ses propres auteurs lui ont fixé. De son côté, bercé depuis l’enfance par ses propres références du folk britannique, Erland Cooper semble avoir du mal à s’en affranchir totalement, à moins que ce ne soit qu’une question de temps car cet opus, seulement le deuxième, promet un horizon particulièrement favorable. Gageons même que le talent de songwriter de la tête pensante tient plus de Beirut que l’ex-leader de Blur. Leurs prestations scéniques semblent d’ailleurs en attester, et constituent par la même occasion le meilleur moyen d’appréhender la puissance émotionelle de cette écriture. Des sensations que ce support physique qu’est « Nightingale » ne parvient pas encore à exprimer intégralement.

En écoute

Disponible sur
itunes9


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