Equipe de Foot – ‘Geranium’

Equipe de Foot – ‘Geranium’

Album / 06.05.2022
Noisy pop

Difficile de ne pas filer la métaphore sportive avec un groupe qui s’appelle Equipe de Foot. Qui plus est lorsque son album aligne onze titres sur la feuille de match et que ses membres sont bordelais, mais lorgnent clairement plus un podium que la relégation. Géranium est son troisième album et, premier changement opéré par le groupe, il ne porte plus un nom de femme (Marilou et Chantal), mais celui d’une plante de balcon.

Cette modification superficielle n’affecte en rien l’efficacité des deux comparses qui se sont offerts (en plus d’un artwork encore une fois sublime) plus de dix-huit mois de préparation avant la sortie de ce nouvel opus, ce temps en suspens, éloigné l’un de l’autre, les obligeant à travailler différemment, élaborant chacun pour soi le matériel sonore, les maquettes, peaufinant les effets, les sonorités, avant de les assembler sous l’égide de Johannes Buff, un ingé son ayant travaillé précédemment avec Sonic Youth, Lee Ranaldo ou Zombie Zombie. Excusez du peu. 

Il ressort de l’expérience de nouvelles ambitions, une approche plus mélodiquement pop mais toujours élaborée, dense, mélancolique et explosive. Le groupe assume le pas de côté fait depuis le rock garage des débuts vers des références telles Oasis, Blur ou les Breeders (Quatre-vingt-quatorze en étant l’archétype), imposant régulièrement à leurs titres des ruptures rythmiques à couper le souffle et des envolées bruitistes percutantes sur des faux rythmes parfaitement retenus. Certains ne goûteront que modérément l’impression de lassitude, voire d’épuisement laissée par certains effets de voix ou le final déglingué de A Silly Seal, Asleep, Rolling Down A Hill.

Mais le groupe signe aussi des odes pop-rock imparables, portées par des ouh-ouh accrocheurs (Melody Eyes, Love, Beers and a Queen Size Bed), des tapis de guitares en fusions (Géranium), des balades mélancoliques (Drunk at Best, ou An Empty Place Is Just Not Fill With Air tirant vers le Lemon Tree de Fool’s Garden) voire sophistiquées : la flûte sur Cosy Nothing Moving Coffin ou les machines de 15 Octobre qui redessinent à elles seules et en trois minutes toute l’architecture sonore qu’on croyait connaître du groupe, et qui font de ce titre un des plus singuliers de sa discographie.

Ajoutons à cet effort déjà plus que convaincant la grosse claque, à la limite des arrêts de jeu : l’entêtant et addictif Think, Blink, Breathe, Blink, Speak, Blink, Breathe qui concourt directement au titre de meilleure réalisation rock de l’année, et qui – à l’image de tout l’album – risque d’épuiser beaucoup d’adversaires avant de nous lasser. Avec une telle composition, Equipe de Foot risque bien d’imposer son jeu cet été.

VIDEO
ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Cosy Nothing, Moving Coffin, Melancholy Eyes, Love, Beers And A Quenn Size Bed, Quinze Octobre, Think, Blink, Breathe, Blink, Speak, Blink, Breathe

À LIRE AUSSI

Pas de commentaire

Poster un commentaire