envy – ‘Eunoia’

envy – ‘Eunoia’

Album / Pelagic – Temporary Residence / 11.10.2024
Post rock screamo

Ça ne nous rajeunit pas : cette année, si l’on compte ses trois premiers printemps passés sous le nom de Blind Justice, envy fête son 32ème anniversaire. Pourtant, le groupe revient de loin, les départs successifs de Masahiro Tobita (guitare) et Dairoku Seki (batterie) – suivis par Tsetsuya Fukagawa en 2016 – ayant bien failli sonner le glas du mythique combo screamo/post-rock, sauvé de justesse par le retour inespéré de l’emblématique chanteur après que toutes les tentatives de remplacement se soient révélées vaines. Désormais entourés de nouvelles forces vives – Hiroki Wanatabe, Tsuyoshi Yoshitake et Yoshimitsu Taki, tous de dix ans les cadets des membres originels – les Japonais repartent de plus belle, confortés dans leur élan par l’excellent The Fallen Crimson, sorti en 2020.     

Les Tokyoïtes expliquent avoir réglé leurs différends, responsables des tensions passées, en ayant fait l’effort de confronter leurs points de vue de façon directe et respectueuse : une étape charnière dans la vie du groupe qui a inspiré le titre de l’album, eunoia étant un terme d’origine grecque associé à la fois aux belles idées et à la volonté de communiquer avec autrui. Pourtant, le spoken word de Piecemeal vient poser, de manière abstraite, un tout autre sujet : celui de la tristesse, parfois profondément ancrée en soi depuis l’enfance, et de l’espoir que l’on doit tenter de conserver malgré la dureté des épreuves. Cette intro passée, le désormais sextet enclenche néanmoins très vite la seconde, puis directement la cinquième avec Imagination And Creation sur lequel on se délecte de retrouver cette implacable formule combinant chant écorché, murs de guitares massifs et lumineux, et batterie sous stéroïdes. L’utilisation du vocoder a beau dérouter légèrement de prime abord, il finit par se fondre très vite dans le décor, comme décomplexé par sa réhabilitation opérée par Mogwai dont on retrouve quelques élans shoegaze sur Beyond The Raindrops. Mais envy n’est jamais aussi convaincant que lorsqu’il poursuit ses grands écarts maîtrisés et intelligemment dosés entre saillies screamo et accalmies post-rock. Preuves en sont les deux points culminants de l’album, Whiteout et Lingering Echoes, au cours desquels, à l’image de la pochette, ombres et lumières s’imbriquent magnifiquement.

Les fans de la première heure l’auront vite compris : tout comme son prédécesseur, Eunoia ne renoue pas avec les sommets déchaînés qu’ont pu être All The Footprints… et A Dead Sinking Story lors d’une époque cathartique désormais pleinement révolue. Mais, plus uni que jamais, envy poursuit son cheminement avec rigueur et honnêteté, en totalement accord avec la représentation que l’on se fait généralement de la culture nippone.    

ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Imagination And Creation, Whiteout, Lingering Echoes


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