Eminem – “Relapse”

Eminem – “Relapse”

eminem180Album
(Interscope)
18/05/2009

Après 5 ans d’absence, Eminem sort enfin de son silence. Les raisons de sa disparition semblent simples puisqu’elles servent de fil rouge à ce «Relapse», produit de main de maître par l’inévitable Dr Dre. En effet, Slim Shady revient en détail sur son accoutumance aux médicaments et autres produits illicites (la pochette y fait référence), et aux diverses cures de désintoxications suivies. Heureusement ce n’est pas le seul sujet, car si le flow de Marshall a subi un léger lifting (une voix plus haut perchée, une pointe de chant par instant, et une touche ragga plus prononcée sur certains titres), ses sujets de prédilections reviennent au galop. A savoir une mise en pièce de certaines stars du show-biz, une insolence sans limite, une auto-dérision souvent bien sentie, et une énième mise au point avec sa mère («My Mom»). Loin du politiquement correct (il reste toujours un brin d’homophobie dans ses textes et il n’hésite pas à taper de façon douteuse sur le pauvre Christopher Reeves, même après sa mort ), il reste néanmoins d’une lucidité, certes décalée,  mais aiguisée sur son époque.

Mais un des principaux événements de cet opus est le retour en force de Dre qui concocte un univers adéquat à la démesure du personnage. D’une efficacité incontestable, les titres frappent fort et si certains ne seront pas inoubliables, d’autres risquent de tourner longtemps sur les ondes. A la fois très mainstream comme le «Crack A Bottle» feat Dre et 50cent qui avait créé le buzz, «Insane» ou «Old Time’s Sake» feat Dre, ce «Relapse» comporte une part de noirceur qui convient parfaitement aux sujets plus sombres abordés. Comme le terrifiant «Same Song And Dance» qui met en scène un psychopathe kidnappeur de jeunes femmes, ou «Stay Wide Awake» et ses lourds riffs de guitare. L’ex NWA ajoute même une touche orientale pour «Bagpipes From Baghdad», se la joue comédie musicale avec «We Made You» (qui aurait plus convenu à Christina Aguilera ou Britney Spears), mais retrouve assez vite  son style inimitable («Medecine Ball», «Déjà Vu», «Must Be The Ganja», «Hello») qui rassura ses fans avant la sortie imminente de son nouvel opus. Eminem se charge de produire un titre, «Beatiful», sorte de ballade rock franchement de mauvais goût. On préférera le feu d’artifice final d’«Undeground» où il résume parfaitement son propos et son état d’esprit du moment: «I disappear don’ t wonder how/Looking for me I’m underground».

Bien meilleur que le «Encore» qui nous avait laissé sur une note négative, ce «Relapse» sonne le retour au premier plan d’Eminem. Bien que destiné au grand public, il comporte assez de matière pour que chacun y trouve son compte. Même si les allusions à  ses problèmes toxicologiques peuvent être redondants, on retiendra avant tout la puissance de la production, le flow du Mc de Détroit et surtout son art de la mise en scène de sa propre vie. Après, tout est histoire de goût personnel. On aime ou on déteste, mais il est difficile de rester indifférent.

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