19 Fév 22 Emilie Zoé – ‘Hello Future Me’
Album / Hummus / 11.02.2022
Indie pop
Travailler à la maison entourée de ses fidèles n’apaise pas Emilie Zoé, dont l’envoutant troisième album est traversé de tensions et d’intranquilité. Se refusant à toutes les étiquettes, Hello Future Me décline une pop sans compromis, sur-mesure et intègre.
Revenue des compagnonnages qui ont jalonné ses dernières productions (Franz Treichler, Louis Jucker ou Christian Garcia-Gaucher), la musicienne suisse en a retenu le meilleur : un sens de la mélodie magistral enrichi d’une savante mise en tension, ainsi que la grande justesse des arrangements, qu’elle assemble sans faute ni temps mort dans les huit titres de ce (trop) court album.
Hello Future Me possède le côté insaisissable des disques qui ne cèdent rien à la production, se construisant en secret au gré de l’inspiration. Ni folk, ni rock, ni expérimentaux, ni mélancoliques, ni réellement sombres, mais pétris pourtant de tout cela, les huit titres se redécouvrent à chaque écoute avec le même plaisir et, de la ballade piano-voix Across The Border au progressif (et explosif) Volcan, Emilie Zoé nous fait passer par toutes les émotions, avec une économie de moyens remarquable.
Il n’y a pas de grandes envolées, pas d’orchestre à cordes ou de chœurs dramatiques, mais une impeccable maîtrise de sa matière sonore, faite de quelques claviers, d’une guitare, d’une batterie menée par son comparse de toujours Nicolas Pittet. La compositrice joue essentiellement de sa voix, un feulement sombre souvent retenu et soigneusement articulé, et de motifs mélodiques brefs et tendus pour imposer une atmosphère densité (I Saw Everything, Roses On Fire) ou délicatesse (Across The Border, Hello Future Me).
A cette dominante plutôt folk et sombre s’intègrent idéalement Parent’s House ou Apollo, dans lesquels prédomine l’électricité. Ce son plus binaire et direct n’altère pourtant en rien l’homogénéité de Hello Future Me, qui conserve de bout en bout son équilibre mélodique. Un tour de force que l’on doit peut-être aux arrangements de Louis Jucker, qui confèrent au bouillonnement imprégnant tout l’album une apparente tranquillité. Connaissant les deux artistes, il est impensable que toute cette maîtrise ne prenne une toute autre énergie sur scène. On ne demande qu’à voir.
A ECOUTER EN PRIORITE
Across The Border, I Saw Everything, Roses On Fire, Apollo, Volcan
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