
07 Oct 22 Dungen – ‘En Är För Mycket och Tusen Aldrig Nog’
Album / Mexican Summer / 07.10.2022
Rock psychédélique
Quand on fait de brèves recherches sur internet pour définir ce qu’est la musique psychédélique et son rock en particulier, on trouve des réponses aussi insatisfaisantes que réductrices : ‘courant musical né dans les années 60, largement influencé par l’essor des drogues hallucinogènes, Il s’agit d’un rock aux mélodies répétitives et envoûtantes avec de longs solos instrumentaux modifiés par des effets sonores.’ Si l’on s’en tient à ça, effectivement, Gustav Ejstes fait montre d’une application millimétrée depuis maintenant 20 ans. Cependant, si vous restez dans les limites du faux dieu Wikipédia, le dernier album de Dungen risque fort de semer la confusion dans vos croyances les plus anciennes.
En Är För Mycket och Tusen Aldrig Nog (Un seul est de trop et un millier n’est jamais assez, pour ceux dans la salle qui ne maîtrise pas le suédois) est à ce jour le disque le moins psyché de Dungen. Ou alors… peut-être que… Et si, au contraire, il était celui qui l’est le plus ?! Des esprits avertis ont poussé plus loin le concept philosophique du genre, lui prêtant les ambitions d’exploration, de découvertes, s’agissant surtout de laisser l’ancien derrière et de plonger dans le vide pour y trouver de nouvelles couleurs. En ce cas, oui, voilà l’album le plus psyché de Dungen.
Gustav Ejstes, réel explorateur sonore, s’est aventuré dans la jungle, au sens musical du terme. Passionné depuis longtemps par les mix hardcore, les beats high-tempo des raves des années 90, il donne lui-même de sa personne en scratchant des disques et en cliquant parfois jusqu’à 160bpm. Var Har Du Varit et Nattens Sista Strimma Ljus prouvent que l’idée n’était pas dingue du tout, et que le drum & bass s’accorde très bien avec les codes classiques du psyché.
Car oui, rassurez-vous, ne courez pas tout de suite vous réfugier dans les bras de Tame Impala en pleurant votre frustration. Ejstes n’a pas remisé sa pédale Fuzz au placard, ce serait gâcher. Elle est là, parfois en essayant de se frayer un chemin à travers la batterie de Johan Holmegard, parfois en prenant toute sa place de symbole immuable de la musique psychédélique. Répondent également présentes les réminiscences sixties dans Om Det Finns Något Som Du Vill Fråga Mig et Höstens Färger qui auraient pu apparaître sur le Magical Mystery Tour des Beatles, ou encore Möbler et son orgue echo, hommage ultime aux racines du genre. Des moments de contemplations discrètes, presque chuchotés à l’oreille dans Klockan Slår Den Är Mycket Nu ou Om Natten, aussi envoûtant que le générique de Twin Peaks. Les envolées stratosphériques, elles, nous surprennent et nous transportent toujours au moment opportun dans la quasi totalité des morceaux de l’album. Et si vous voulez perfectionner votre yaourt, le pop Skövde saura rester dans votre tête des jours entiers.
Une fois encore, Dungen nous convainc qu’il n’est pas nécessaire de comprendre le sens profond des paroles pour être embarqué dans un disque, la musique et l’interprétation ici se suffisent à elles-mêmes, et prouvent – si besoin est – qu’on a bien à faire à un langage universel. En Är För Mycket och Tusen Aldrig Nog est le voyage intérieur le plus poussé d’après son auteur et, je vous le donne dans le mille, sans aucune substance. En effet, c’est non sans fierté qu’Ejstes nous informe que c’est son premier album sobre. Une sobriété qui l’a plongé encore plus profondément dans la musique, raison supplémentaire de faire voler en éclat ces vieilles croyances sur la musique psychédélique.
A ECOUTER EN PRIORITE
Möbler, Skövde, Höstens Färger, Nattens Sista Strimma Ljus, Var Har Du Varit ?
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