Dry Cleaning – ‘Stumpwork’

Dry Cleaning – ‘Stumpwork’

Album / 4AD / 21.10.2022
Arty post rock

Décédé en 2019, Vaughan Oliver ne verra jamais la pochette du deuxième album de Dry Cleaning. Comme quoi, la mort n’a pas que des inconvénients. Imaginons, l’espace d’un instant, le créateur de l’identité visuelle de 4AD découvrir cette savonnette recouverte de poils de cul qui fera crier certains au génie, et d’autres à l’horreur sans nom. Le designer se demandera tout d’abord ce qui a bien pu passer par la tête des vedettes qui, tour à tour, ont pensé et validé un truc pareil. Une fois son énervement dissipé, on devine v23 s’obliger à faire abstraction et prendre un peu de recul. Après tout, Marcel Duchamp et son urinoir renversé Fontaine ont bien fait parler d’eux pendant plus d’un siècle. Même si très éloigné de ses créations pour les Pixies, Pale Saints et autres Cocteau Twins, l’artwork de Stumpwork aura au moins le mérite de faire causer. Et c’est, au final, la seule chose qui compte.

La passion naît, dans un premier temps, de nouveauté et surprise. Dry Cleaning l’a démontré à sa manière, l’an passé, avec le séduisant New Long Leg et son improbable – mais efficace – pot-pourri de spoken word, art rock et post-punk. Les londoniens semblent malheureusement avoir oublié depuis qu’un concept, poussé à l’extrême, finit invariablement par lasser et perdre tout intérêt. Qu’une seule bonne idée ne peut suffire à entretenir la flamme éternellement. Empêtré dans la redite, Stumpwork transpire la précipitation et le fer battu tant qu’il est chaud. Son goût de déjà vu n’inspire qu’ennui poli, moue résignée et haussements d’épaules. Incapable de se renouveler en aussi peu de temps, le quatuor atteint, sans surprise, rapidement ses limites. L’état de grâce n’aura donc été que de courte durée. Onze titres suffisent parfois pour passer de grand espoir à groupe à l’obsolescence quasi programmée.

Avec la désillusion, le regard se fait plus dur et la critique, plus acerbe. Le parlé-chanté dadaïste de Florence Shaw, mis en avant tel un vulgaire argument marketing par une production prévisible, occulte un combo audacieux mais injustement réduit au rôle de faire-valoir. Dans un monde parfait, le jeu de guitare savant de Tom Dowse aurait eu droit à bien meilleur traitement (Kwenty Kups, Hot Penny Day ou encore l’inventif No Decent Shoes For Rain). John Parish, bridé et vraisemblablement aux ordres, en a décidé autrement. Apparemment missionné pour vendre la tête de gondole Shaw coûte que coûte, le porte-flingue historique de PJ Harvey n’aura de cesse que privilégier une voix qui, accompagnée de chants d’oiseaux ou de bruits de cours d’eau, trouverait sans peine sa place dans le rayon musique de Nature et Découvertes. On ne peut que regretter ces choix mercantiles et nuisibles qui condamnent désormais Dry Cleaning à se réinventer.

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A ECOUTER EN PRIORITE

Anna Calls From The Artic, Kwenty Kups, Gary Ashby, Hot Penny Day, No Decent Shoes For Rain, Don’t Press Me, Liberty Log


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1 Comment
  • Isabelle Kermet
    Posted at 14:39h, 10 novembre Répondre

    Heureusement, il y a la scène !

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