
27 Oct 23 Drunk Meat – ‘Diagonale du Vide’
Album / A Tant Rêver du Roi / 20.10.2023
Cold punk
Il nous faut renoncer aux vérités que nous pensions acquises, aux prophéties d’un nouveau monde. Tout un pan du passé se répète inexorablement. Dans le maillage invisible du réel, cette grille de lecture permet cependant d’ouvir les portes de l’inconnu. Ainsi, on peut supposer avec réserve que l’after-punk se soit volatilisé, mais les filiations se sont inversées. Cette mouvance n’a d’ailleurs pas besoin d’une reconnaissance officielle. C’est la persistance d’idées émancipatrices au travers de nouveaux canaux – ce que l’on nomme péjorativement d’alternatif, comme si le courant circulait dans un circuit artistique – qui retranscrit l’angoisse du présent et non plus celle d’un avenir imminent.
Dans l’abondance des sorties du moment, The Drunk Meat aurait pu passer incognito. Au milieu des albums étiquettés Noise, combien de fois avons nous succombé au graphisme d’un disque tout en ignorant son contenu ? Certaines illustrations brouillent délibérément les codes et interprétations. Mais ici, ce qui a piqué ma curiosité, c’est le côté glacial du titre Diagonale Du Vide avec son phrasé laconique, et l’apparition d’un certain Seb Normal au mixage et de Alexis Toussaint à la production. Dès l’entame, The Drunk Meat s’approprie une syntaxe inédite et un vocabulaire innovant, rameutant des bribes d’influences puisées aux quatre coins cardinaux (Dum Dum Boys, Métal Urbain, Chromatics). La rythmique de Et Après semble émaner d’une foire d’enclumes, un martèlement Kraftwerkien avec cette guitare aux relents garage.
Tout en gardant intact le minimalisme musical qui fait la particularité de ce disque crépusculaire, le tempo s’accélère : une mise au poing brève histoire d’encanailler les frimeurs, les dandys, ‘les petits cons prétentieux’ dixit le couplet de Cowboys and Girls. Il règne une étrange ambiance swamp qui colle aux semelles avec ces mots cinglants et cinglés, méchamment analytiques. Dans une démarche volontairement anti-commerciale, le duo Bordelais se saisit de thématiques autour du nihilisme, de l’ennui qui suinte partout, de la monotonie. En atteste Silence Lourd, une salve bruitiste combinée à une no-wave sonique, une critique d’une vie cadrée, ordonnée.
The Drunk Meat est le porte-parole d’une génération prête à vivre vite et à se consumer. Une jeunesse clandestine dont la subversion et les sabotages sont des vecteurs d’existence. Le duo a un penchant pour des textes lucides dont les paroles ne contredisent pas le titre. Tout y est condensé, disséqué. Diagonale du Vide est une rupture brutale avec la laideur portée comme un idéal, en écho à un monde industriel froid, désincarné. Une approche situationniste dans le texte.
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Lumière, Belle Personne
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