13 Oct 11 DRC Music – « Kinshasa One Two »
Album
(Warp)
03/10/2011
Musique africaine sauce Albarn
Question: où s’arrêtera Damon Albarn? En plus de vingt ans de carrière, l’anglais n’a cessé d’être infidèle. De Blur à Gorillaz, de The Good, The Bad & The Queen au projet Mali Music, jusque-là vous suivez? Alors, ajoutons l’opéra Monkey: Journey To The West, et dernier en date, le projet DRC Music qui signe le retour de cet expatrié touche à tout. Même pas peur!
Pour comprendre les intentions de DRC Music, il faut remonter en 2001, lorsque l’ex-Blur se rend au Mali avec l’association Oxfam (confédération de l’ONG luttant contre la pauvreté et les injustices) pour produire l’album Mali Music. Dix ans plus tard, il élargit son champ d’action. Car si les problèmes liés au continent africain restent les mêmes (manques d’infrastructures sanitaires, difficultés d’accéder à l’éducation et à l’eau potable), ceux-ci sont trop souvent passés sous silence dans l’actualité médiatique. Ainsi, l’album « Kinshasa One Two », enregistré cet été en cinq jours à Kinshasa par des musiciens locaux et des producteurs éclectiques (Dan The Automator, Jneiro Jarel, Richard Russel, Actress,…), se veut, premièrement, un tremplin pour l’incroyable talent musical d’entre ces frontières et, deuxièmement, un écran contribuant à attirer l’attention du reste du monde sur l’un des pays les plus humainement en crise. Et, histoire de ne pas faire les choses à moitié, l’ensemble des recettes de cet album sera reversé à Oxfam pour venir en aide à la population de l’ancienne colonie belge.
Côté musique, Damon Albarn est à la hauteur de sa réputation. Curieux de tempérament, l’anglais n’a qu’un seul sujet: l’Afrique. Qu’il finit par dévisager lorsqu’il déballe des bombinettes comme « K-Town » et « African Space Anthem » où les sonorités occidentales embrassent les percussions d’essences subsahariennes. Pourtant, cette liaison est la moindre de ses audaces. Ici, l’album met en exergue quelque chose de plus rare: digérer de manière désarmante l’héritage global d’une culture. Autrement dit, s’il évoque par là un répertoire musical connu, ce n’est qu’un instant, avant de devenir complétement autre chose. En érigeant le Congo en héros romanesque, fougueux et, surtout, libre, « Kinshasa One Two » est une œuvre aussi folle qu’exaltante où l’esprit du pays tourbillonne de vie.
Bien aidé par les cinquante musiciens locaux (Bokatola System, Nelly Liyemge,..) venus exprimer leur talent au son des productions aussi variées et riches que peut l’être la culture congolaise, Damon Albarn réussit son pari. En poussant le Congo au pogo, on a l’heureuse confirmation: il ne s’arrêtera jamais.
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