Drahla – ‘Useless Coordinates’

Drahla – ‘Useless Coordinates’

Album / Captured Tracks / 03.05.2019
Arty post punk

Il n’aura pas fallu beaucoup d’arguments à Drahla pour qu’il soit rapidement considéré comme une nouvelle pépite en provenance d’Angleterre : une poignée de singles et un premier Ep éparpillés sur deux ans auront en effet suffi pour que ce Useless Coordinates soit pressenti comme un des disques les plus remarqués du cru 2019. Restait au trio – ici rejoint par le saxophoniste Chris Duffin – de confirmer au fil de ces dix titres piochant nerveusement dans le post punk et l’indie rock, tout en challengeant humblement ses aînés.

Car si Drahla est encore jeune, il a déjà en lui la maturité des anciens, acquise en accéléré par sa soif d’expérimentation, sa volonté de ne jamais rien figer, et une parfaite conscience des limites à ne pas dépasser. Chez lui donc, on s’échange les instruments, on fuit les conventions pour mieux suivre son instinct et s’offrir cette liberté que personne ne vient jamais vous servir sur un plateau, pour aligner des compositions chaotiques mais contrôlées, à la richesse réelle mais humble, constamment protégées d’un élitisme maladroit par des mélodies noueuses mais accrocheuses (Unwound, Invisible Sex).

De fait, en ratissant large mais en visant juste, le groupe multiplie les références. Le chant de Luciel Brown – assez proche de celui de Kim Gordon – pose évidemment Sonic Youth mais aussi les Breeders sur le tapis; Gang of Four, Ought ou Peter Kernel (bien que plus angulaire) ne sont jamais très loin non plus (Gilded Cloud, Stimulus for Living, Pyramid Estate); tandis que le saxo de Duffin virevolte dans des courants jazz-psyché en guise d’arrangements (Serenity), quand il ne se place pas en premier plan pour pousser Drahla dans des vents no wave new yorkais façon James Chance & The Contortions (React/Revolt).

Forcément, au milieu de ce décor tout en tension mais rarement oppressant, les thèmes abordés ne sont pas des plus joyeux, restent même classiques à une époque de débats, ou les révolutions sous-jacentes se multiplient. Le groupe pose ainsi un point de vue féministe (React/Revolt), aborde la théorie du genre (Invisible Sex), ou pointe du doigt les dérives des réseaux sociaux (Twelve Divisions of the Day) comme de notre société de consommation (Stimulus for Living) : sa façon à lui de mettre les influences des décennies passées au goût du jour, et d’enfoncer ainsi le clou d’un premier album sans compromis, délicieusement claustro, qui confirme les prédictions et bouscule la hiérarchie indie. Et non l’inverse.

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ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Gilded Cloud, Stimulus for Living, React/Revolt, Twelve Divisions of the Day, Unwound, Invisible Sex


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