Drahla – ‘Angeltape’

Album / Captured Tracks / 05.04.2024
Post punk

De semaine en semaine, la liste des groupes anglais à suivre s’allonge et le revival post-punk fait long feu. Cette scène multiplie les pépites comme d’autres le faisaient avec les pains, ce qui n’est évidemment pas pour nous déplaire, même si la masse des sorties rend chacune d’elle éphémère. Aussitôt écoutée, aussitôt oubliée, ou presque. Pour preuve, qui se rappelle aujourd’hui de Drahla et de son premier album Useless Coordinates sorti en 2019 ? Pas grand monde, et c’est bien dommage tant le trio de Leeds, devenu quintet en 2024, apporte quelque chose de différent, par la voix de Luciel Brown et son air de Kim Gordon d’abord, par son utilisation du saxophone ensuite. Cet instrument qui en a écoeuré plus d’un durant les années 80 avant d’être longtemps banni, a beau être encore souvent considéré comme trop pompeux ou intello, certains artistes – comme Cate Le Bon ou Viagra Boys – en font pourtant un usage plus qu’intéressant aujourd’hui. Drahla s’ajoute donc à la liste puisque Angeltape, nouvel album surgi après cinq d’absence, s’ouvre sur un puissant souffle cuivré quelque peu sinistre, avant de rapidement se dissoudre dans la fluidité de Under The Glass, le dit morceau. Sans trop attendre, il refait surface, marque le rythme, le bouscule et apporte un certain relief avant que la basse prenne les rênes du groove avec un Default Parody rappelant la recette Bodega. À mi course, ce groove prend une autre ampleur encore sur le très funky Taking Radiance. Avec une spontanéité et une fraicheur quasi adolescente, rares pour un deuxième album, Drahla remplit ainsi tous les codes du post-punk, celui de Gang of Four ou James Chance and the Contorsion. Tout s’enchaîne avec une efficacité redoutable qui ne perturbe à aucun moment la douce voix de Luciel Brown, même dans la cacophonie finale de Grief in Phantasia. Consistant et léger, bruyant et coulant, le groupe vient ainsi marquer les esprits avec la facilité apparente des gens talentueux, celle qu’il est inutile d’envier, celle dont ils ont choisi de nous faire profiter.