12 Nov 16 Douglas Dare – ‘Aforger’
Album / Erased Tapes / 14.10.2016
Pop électronique
Le songwriter londonien, compagnon de label et de route d’Olafur Arnalds et Nils Frahm, édite son deuxième album ‘Aforger’. Il l’enregistre aux côtés de son batteur et producteur Fabian Pryne dans les mythiques studios d’Abbey Road, et suit le chemin emprunté lors de son premier disque ‘Whelm’.
On ne peut pas enlever à Douglas Dare son maniement parfait des mots. ‘J’ai tellement à apprendre encore avant de pouvoir me considérer comme un poète… Mais écrire mes chansons comme des poésies m’a beaucoup aidé. Ca m’a permis d’avoir confiance en mes paroles, et de me dire qu’elles pouvaient raconter des histoires. J’ai justement choisi d’écrire les paroles en premier pour être sûr que chaque chanson ait un sens propre‘. Quand on l’a interviewé l’an dernier, il nous disait être un songwriter et ne pas se considérer poète ; il l’est pourtant bel et bien, exigeant et soucieux du détail, du mot parfait et de sa place idéale dans la phrase, Douglas Dare écrit bien des vers. Il nous livre un album de poésies mises en musique sans que nous sachions si ce sont les lignes de voix et de piano qui serpentent entre les mots ou l’inverse.
Après un premier album sorti en 2014 où Dare vendait un rêve, doux et agité à la fois, il présente ‘Aforger’, toujours sous des arrangements classiques, multiplie les expérimentations entre son piano et des nappes électroniques. Il ajoute un chœur et place un ensemble de cuivres avec des saxophones, trompettes et trombones pour apporter une texture symphonique. Dare ne cesse d’osciller entre la musique contemporaine et la pop. Nul grand besoin de chercher à savoir, son amour pour la musique classique l’amène vers des sonorités brumeuses mêlées à une pop électronique épurée qui rappelle les années ‘Kid A’ de Radiohead.
Paraît-il, ce disque a été écrit après une rupture, et après avoir fait son coming out auprès de son père. S’il a senti le besoin d’en faire part, Dare ne cède pourtant pas à la tragédie, ne tombe pas dans le pathos ni dans les mélopées plaintives. Le musicien se met à nu, marche à tâtons et joue sur le silence, les sons un peu ébréchés et les forts changements de rythme d’un morceau à l’autre. L’ouverture avec ‘Doublethink’ annonce ses douces complaintes et il poursuit de manière très directe, quasi frontale, pour placer sa voix de manière parfois solennelle avec ‘Oh Father’. Il est soudainement épris de lenteur avec le morceau ‘The Edge’ dans lequel il fait entendre le minimalisme d’Erik Satie. Il finit par faire écho aux ballades mélancoliques de son premier album avec le triptyque de fin contemplatif, ‘Venus’, ‘Thinking of Him’ et ‘Rex’. Dare dessine un paysage torturé et esthétisant, et maitrise un double jeu avec un album synthétique et brut à la fois.
‘Doublethink’, ‘Oh Father’, ‘The Edge’, ‘Venus’
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