17 Mar 10 Double U – « Pineapple Dream »
Album
(Wool)
22/03/2010
Verni pop
Frank Rabeyrolles est de ces musiciens incontrôlables, boulimiques de la composition, pour qui prendre le temps de souffler et prendre un peu de recul sur sa musique semble être une épreuve insurmontable. Alors qu’il s’est dédoublé récemment sous l’entité Franklin, son parcours avec Double U atteste plus que jamais de son hyperactivité: cinq albums en cinq ans, cinq définitions personnelles d’une pop toujours rondement menée, évitant toujours soigneusement les faux-pas irréversibles. En effet, s’il n’a jamais vraiment sonné la révolution, il n’aura jamais coulé son projet, que ce soit seul ou accompagné de musiciens de jazz, comme sur « The Imaginary Band » (2008) qui lui donnait une autre dimension tout en l’aseptisant. Seulement, à vouloir assouvir sa soif de composer, à toujours chercher à faire mieux et différemment, Rabeyrolles a perdu la fraîcheur et la simplicité de ses débuts pour tomber dans un registre prévisible, soporifique, finalement assez peu passionnant si on compare ce « Pineapple Dream » au premier « Life Behind a Window« . En effet, en 2010, Double U paye son perfectionnisme sans pour autant tomber dans la prétention, et l’épaisse couche de verni qui recouvre son disque semble totalement emprisonner l’émotion censée s’en dégager. Vraiment dommage car le bonhomme a des idées qui mériteraient d’être exploitées dans un environnement musical moins sophistiqué, là ou sa marque de fabrique mélancolique comme chacune de ses mélodies rayonneraient de mille feux. Et cette fois, rien y fera: ni l’attention portée aux arrangements, ni même la présence des chanteuses Laetitia Sadier (Stereolab) et Camille Vachin (Franklin, Suddenly Sunshine) venues aciduler cette petite quinzaine de ballades. Retrouver la simplicité efficace des compositeurs d’expérience pour mieux viser les tripes: voilà qui devrait être l’ambition de Double U pour l’année prochaine.
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