Dopestyle – « The Little Happy/Fool’s Pool »

Dopestyle – « The Little Happy/Fool’s Pool »

The Little Happy/Fool's Pool[Album]
01/01/2008
(Daly City/Differ Ant)

Dopestyle fait partie de ces Mcs iconoclastes, difficiles à suivre et imprévisibles. Reconnu après son premier album « Kutmasta Kurt presents Dopestyle 1231 » en compagnie de Del Tha Funkee Homosapien, il a presque disparu des studios, préférant la performance scénique et surtout les collaborations dans des domaines musicaux pourtant éloignés de son propre univers. Après un long silence, il revient nous proposer « The Little Happy », un nouvel opus produit par Dj4am, tout comme le « Fool’s Pool » qui l’accompagne, réalisé en 2005 mais resté secret à la volonté de son auteur ayant ressenti le besoin de faire un break à cette époque

Comment définir cet univers si particulier qui est le sien? Si vous lui posez la question, Dopestyle vous répondra tout de go au sujet de « The Little Happy »: « Combines mid-1990’s « Golden Age » era hip hop meets Shoegazer fuzz & melodic low rider classic r&b oldies with crackling Lo-Fi sensibilities into an intoxicatingly refreshing & effortlessly engaging sound tapestry ». Cette phrase résume à elle seule la complexité du personnage. S’aventurant sur des pistes non balisées, il laisse libre cours à son inspiration, choisissant parfois des sujets plutôt inattendus pour un rappeur. Lorsqu’il évoque l’inceste sur « Sleepless Babes », le propos se fait direct, tranchant, prenant la vision des membres d’une famille non touchée par ce crime, mais réagissant à ce genre d’actes. La version qui l’accompagne n’enfonce pas le tout dans le pathos, ni le sentimentalisme, mais insuffle une énergie combative, marquant le sens de chaque phrase. C’est cette capacité à nourrir un univers sonore, en y ajoutant de la substance, qui donne un ton unique au Mc de San Francisco. « Welcome My Friends », inclassable, sorte de méli-mélo rocksteady-lyrique, ou « We Put It Down » (avec Pro The Leader et Opio des Hieroglyphics) nous ramènent au début des années 90, tout comme « Wrap It Around Me », remarquable et intemporel, porté par un beat qui lui donne ses lettres de noblesse

La production de Dj4am est imparable et originale, soulignée par ses nappes atmosphériques sur « Dominator D (Me&You) », la multiplication d’effets de « Wake Up On The Morning », les touches jazz très poétiques de « Stress Reducer » ou les dissonances construites de « Halogen (Song For Jacob) ». Aussi, on retiendra certainement la qualité de la composition narrative de Dopestyle, utilisant aussi bien la première que la troisième personne afin de situer l’action de différents points de vue. Que ce soit l’insomnie, la déchéance d’un ami confronté au drame de la rue, ou le bilan qu’un homme peut faire au crépuscule de la vie, tous les sujets sont habités d’une réflexion singulière, mais juste

« Fool’s Pool », le deuxième album réalisé antérieurement contient une noirceur plus évidente, et une ambiance plus oppressante. « Baby Baby, Baby » qui l’introduit en est une parfaite illustration, tout comme « The Bald Head Brute & The Long Hair Laymen » (feat Motion Man). Mais cette effervescence musicale amenée par Dj4am, déjà aux côtés de Dopestyle en 2005, donne quelques perles comme « Drunk Phunk » ou « Power Of The P », mais également un côté expérimental digne de Company Flow ou même Antipop Consortium. « Here It Is… Herpes », « Thriller N Killers », « I’m A Big Fan Of Yours » apportent ce grain de sable qui enraille une mécanique bien huilée, mais pour un résultat passionnant, en tout cas digne d’intérêt. C’est d’ailleurs cette tendance trop avant-gardiste qui a sûrement motivée la mise entre parenthèses de ce projet. Il en a que plus de valeur aujourd’hui, et demeure loin d’être obsolète

Avant d’aborder ce nouveau chapitre de la carrière de Dopestyle, nul besoin de préparer une improbable indigestion, malgré 30 titres dans la musette. Les deux opus sont très différents, compte tenu de leurs dates de réalisation bien sûr, mais surtout par l’état psychologique de Dopestyle. Quand l’un ressemble à une exercice de style, sombre et déroutant pour les sens, l’autre se veut plus écrit, plus abouti, enclin à une plus grande sérénité. On peut d’ailleurs associé DJ4am à cette réussite, car il fait partie prenante de la qualité finale et participe pleinement à la symbiose qui règne entre ces deux artistes. Dans tous les cas, voilà deux bonnes raisons de faire de nouveau vibrer la Bay Area

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