Doomtree – ‘All Hands’

Doomtree – ‘All Hands’

Album / Doomtree / 26.01.2015
Hip hop

Il y a un peu plus de trois ans, les membres de Doomtree mettaient leur carrière respective entre parenthèses pour se fondre de nouveau dans le collectif, et sortir un ‘No Kings‘ nettement plus cohérent et homogène que son prédécesseur, fruit d’une véritable osmose au sein du groupe plutôt qu’une triste somme de personnalités pourtant bien marquées. Après être retourné à ses petites affaires, chacun n’a donc pu refuser de se replonger dans une émulsion collective nettement plus bénéfique qu’elle en a l’air. En effet, bien plus que pour n’importe quel soi-disant groupe, l’énergie et le vent de créativité qui soufflent à travers chacun des disques de Doomtree le bonifie, et pousse par ricochets jusqu’aux discographies respectives.

‘All Hands’ était donc un rendez-vous important qu’il fallait mettre le plus possible à profit. Pour cela, les sept de Minneapolis se sont enfermés dans un studio, sans réseau téléphonique pour ne pas être dérangé. Les deux producteurs et les cinq mcs (dont deux à fourrer régulièrement leur nez dans les productions) ont rangé leur égo, respecté leur rôle pour que le groupe continue sur son impressionnante lancée, nourrie depuis toujours par une complémentarité sans équivalent sur le circuit, mais avec une envie évidente de faire évoluer sa musique.

Dès l’entame, ‘Final Boss’ se contente pourtant de jouer au trait d’union: en moins de cinq minutes, le titre revêt plusieurs couleurs selon qui postillonne dans le micro, et nous replonge dans l’electro hip hop sans concession du collectif. Mais ‘All Hands’ n’est pas sans nouveauté, comme mené qu’il est par cette ferme volonté de mettre l’accent sur les productions, plutôt que de souligner la diversité des voix: une approche différente qui se traduit par des titres parfois plus ressemblants car moins frontaux, s’en remettant trop systématiquement à d’imposantes nappes de synthé, comme aux refrains chantés (‘My Own Nation’, ‘Heavy Rescue’, ‘The Bends’, ‘Off In The Deep’).

Si l’intention est bonne et se vérifie à quelques reprises(sur ‘Mini Brute’ et ‘Marathon’ par exemple), Doomtree n’est cependant jamais aussi efficace et percutant que lorsqu’il fait trembler les murs. Heureusement, ‘All Hands’ a lui aussi son lot de dynamite, et peut compter sur ‘Gray Duck’, ‘Cabin Killer’ et ‘Beastface’ pour se sortir de l’ombre imposante plantée sur le genre par Run The Jewels, maîtres incontestables en la matière par les temps qui courent. Sans flancher pour autant, malgré les incisions remarquables de Dessa et P.O.S. notamment, et un manque de diversité un peu bourratif au final, Doomtree peine donc malheureusement à rééditer son joli coup de 2011.

‘Gray Duck’, ‘Mini Brute’, ‘Cabin Killer’


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