Donna Blue – ‘Into The Realm Of Love’

Album / Snowstar / 08.03.2024
Indie pop

De l’exotica de Molly Lewis aux influences prog de The Smile en passant par le dernier effort de Ty Segall, il y a comme un parfum rétro qui plane sur ce début d’année 2024. Certaines pièces de l’échiquier revival semblent ainsi se déplacer à nouveau vers les sphères sixties après une exploration ininterrompue ces dernières années des territoires post-punk et de son héritage.

Donna Blue, égérie imaginaire du couple néerlandais formé par Danique van Kesteren et Bart von Dalen, doit autant à Julee Cruise qu’aux productions de Phil Spector. Noyé de références, l’univers du duo parvient, de citation en citation, à dessiner son propre monde, d’esquisses calquées sur leurs modèles à une forme d’émancipation par les ombres et la couleur. Et si la mélodie d’Aphrodite approche d’un peu trop près celle du Some Velvet Morning de Lee Hazlewood et Nancy Sinatra, c’est sûrement pour mieux faire le lien entre les idoles du passé et la production clinquante de ce deuxième album. Rôdé à l’exercice avec trois EP bluffants publiés entre 2018 et 2020, puis un premier long format paru il y a deux ans, le groupe, prolifique, a toujours su faire preuve d’un grand raffinement dans ses orchestrations et dans la qualité de sa production. Articulées autour d’une guitare au son si précis et percutant qu’on jurerait qu’il s’agit de celle d’Adrian Utley de Portishead (Fantasy Girl, The Hourglass, In Blue), les ambitions orchestrales de l’ensemble n’entravent pas la dimension plus intimiste et minimaliste de titres comme All For Show, On The Cusp Of Love ou encore White Horse.

Légèrement moins convaincant lorsqu’il opte pour des textes en français (dans Fantasy Girl mais aussi sur l’estival Labyrinthe ou avec l’étrange hommage à la pop italienne qu’est Mains de l’Amour), il sera pourtant difficile de résister aux effluves de cet hommage appuyé aux yéyés qui n’est pas sans rappeler The Liminañas, avec une Donna Blue s’incarnant en héritière de Melody Nelson. Référencé sans être désuet, nostalgique mais surtout profondément romantique, ce royaume de l’amour semble alors attendre sagement d’être visité à la façon des souvenirs d’une époque que nous n’avons pas connu.