
08 Juin 22 Dombrance – ‘République Électronique’
Album / E47 / 27.05.2022
Electro
Déjà plusieurs années que Dombrance distille rigoureusement ses créations musicales inspirées par des personnalités politiques de tous bords et de toutes nationalités. Après les impeccables Raffarin, Taubira, Obama, Fillon, Biden ou encore Poutou, l’heure est à la concrétisation, parce qu’évidemment oui : c’est son projet.
Si l’idée de base était insolite et tout à fait géniale, elle s’est nourrie avec le temps pour devenir un concept bien concret, avec un fil conducteur et une histoire. Une idée née à l’origine d’une discussion avec Bertrand Maire de l’INA, et qui a pris sens peu à peu durant les restrictions sanitaires successives où, contraint comme tous de ne pouvoir jouer sur scène, Dombrance s’en est allé jouer directement chez les gens, au plus proche du citoyen. Pas besoin de vous faire un dessin, il n’en fallait pas plus pour lancer sa campagne pour la République Electronique. En à peine neuf pistes et moins de quarante minutes, le producteur revisite musicalement un à un – et dans l’ordre – tous les présidents de la 5e république, en prenant le soin pour chacun de leur donner une couleur, un état d’esprit, mais surtout un son et une intention bien précise. Ainsi, et de manière décalée certes, c’est tout notre patrimoine historique qui s’exprime et défile telle une Delorean lancée à toute vitesse.
Après l’introduction éponyme, rien de mieux pour entamer le voyage dans le temps qu’un héroïque De Gaulle pour sonner l’heure des refondations historiques et des espoirs d’après guerre. Puis c’est au tour de Pompidou de lui emboiter le pas, afin de maintenir la flamme du modernisme et des progrès technologiques, le tout sur des airs yé-yé 70’s où l’on se croirait directement télé-porté dans une scène d’OSS 117 en compagnie de Jacqueline Taïeb. Alors que les Trente Glorieuses touchent à leur fin, c’est l’insouciance dans la continuité qui résonne sur Giscard d’Estaing, fleurant bon une certaine idée de la mélancolie à la française façon François de Roubaix. Changement de tempo et virement à gauche, car l’heure est à la révolution et au dynamisme sur le très 80’s Mitterand et ses synthétiseurs-vocodeurs à la Jean-Michel Jarre, alors que se prépare un nouveau revirement à droite sur le très sombre et futuriste Chirac qui donne une épaisseur particulière à ce changement de millénaire traversé entre sentiment de fracture sociale à l’intérieur du pays et conflits internationaux dans le monde.
La suite du parcours on la connaît de mieux en mieux, et parfois de mal en pire. La dureté du rythme chez Sarkozy sonne indéniablement la rigueur et la discipline en période de crise et d’affaires en pagaille, alors qu’à l’inverse, c’est l’émotion et le rassemblement fraternel post-attentats qui prédominent et marque d’une tonalité lourde l’avant dernière piste des années Hollande. The last but not the least, Macron nous entraine tout droit dans un rythme effréné, à toute berzingue dans ce que l’on appelle plus communément la start-up nation, là où le temps ne semble ni à la réflexion ni aux enjeux écologiques de demain. En attestent les toutes dernières secondes du disque, inquiétantes à souhait pour qui essayerait de vouloir deviner que sera notre avenir.
C’est un véritable tour de force que réussit Dombrance avec sa République Electronique. Certes, on y danse et on s’y amuse, mais on s’y remémore aussi le passé, comme pour mieux comprendre notre présent et imaginer notre avenir. Bien plus qu’une bande son pour le dancefloor, c’est un vrai travail de politologue musical ou de musicien journaliste – appelez ça comme vous voulez – que le producteur parvient à achever ici. Une vision à part entière ‘Pour une France qui danse’. Avec un slogan pareil, comment voulez-vous ne pas lui donner la majorité absolue ?
A ECOUTER EN PRIORITE
De Gaulle, Pompidou, Giscard d’Estaing, Chirac, Hollande
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