03 Fév 24 Do Not Machine – ‘Celebrations Of The End’
Album / Twenty Something / 02.02.2024
Rock
Voilà un album qui va enchanter la génération Y, les fameux millennials abreuvés de vidéo clips sur MTV, et biberonnés à toute la scène alternative et underground de l’époque, de Guided by Voices à Jesus Lizard, en passant par Mudhoney, TAD, Fugazi, Pixies ou Nirvana. Mais attention, loin de nous l’idée de tomber dans le ‘c’était mieux avant’ car, avec le groupe angevin, c’est un pan de l’histoire du rock français qui continue de se graver dans le marbre. Ce qu’il se fait de mieux dans le paysage du rock hexagonal. La ville de la dynastie des Plantagenêt, lieu de culte et de pèlerinage pour tous les voyous, fans des Thugs ! La scène rock angevine peut-être comparée à l’Hydre dans la mythologie grecque. Immortelle. Vous lui coupez la tête, il en repousse deux. Do Not Machine est un enchevêtrement de talents locaux où l’on retrouve Ben Chevallier (Last Time Voodoo), Alexandre Raux (Zenzile, Glass), Camille et Etienne Belin (Daria, LANE).
Après un premier album – Heart Beat Nation sorti en pleine pandémie – que le groupe n’a donc pu défendre sur scène, Celebrations Of The End arrive comme pour dire ‘nous n’avons pas abandonné, les gars! Nous allons prendre d’assaut vos salles de concert et vos bars pendant que vous écluserez votre chope de bière éventée‘. Do Not Machine qualifie sa musique de ‘Fuzz with melodies with fuzz with melodies with fuzz with melodies with fuzz with melodies with…’, décliné à l’infini. Entre les lignes, comprendre un son lourd, massif et agressif, satiné et doré de mélodies. De la Fuzz Pop ?! Nous en avons l’exemple concret avec Feather qui ouvre l’album, ou encore avec Second Take. Ce sont des morceaux dignes d’un ‘clair-obscur’ en peinture, la luminosité remplacée ici par un son riche et fort en contraste. L’atmosphère est lourde, saturée, laissant la place à la voix de Ben, tantôt harmonieuse, affirmée, tantôt énervée mais jamais hurlée.
Derrière ce climat tendu et cette énergie hargneuse, se ressent aussi dans les textes une grande part de fragilité et d’incompréhension (Glass Kingdom, Waterfalls). Le quatuor angevin sait se montrer vindicatif avec A Shelter et embrasse la poésie sur A New Love Ends. Musicalement, l’épaisseur du son et l’apathie de Insomnia nous rappelle Deftones, proue de la scène métal californienne des années 90-2000. Constellation amène l’auditeur dans l’étendue infinie, celle des astres et du vide, et nous invite dans un voyage faisant appel à notre imaginaire. Portrait Line, titre instrumental, est le point culminant de cette errance céleste. Pendant près de 42 minutes, le combo nous rappelle que le rock, quelle que soit sa déclinaison, est une bête vivante, remplie d’humanité, rageuse et ténébreuse à la fois.
A ECOUTER EN PRIORITE
The Second Take, Constellation, Glass Kingdom
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