Dirty Projectors – ‘Windows Open’

EP / Domino / 27.03.2020
Pop folk

Dès la première écoute, les faux airs de folk angélique que revêt Windows Open, le nouvel EP de Dirty Projectors, étaient intrigants. En tendant l’oreille en effet, les quatre titres à priori  légers, menés quasiment en duo par David Longstreth aux cordes et Maia Friedman au chant, loin de sonner comme une grâce rendue au retour des beaux jours, sonnent au contraire bel et bien comme des titres de crise.

Abandonnées le temps de cette parenthèse les structures néo-classiques, savantes, les dissonances et les arrangements électroniques qui donnent au groupe sa singularité dans le paysage pop. Windows Open est composé de quatre titres qui semblent arrachés à quelques méditations bucoliques. Sur les accords minimalistes de Longstreth, Maïa Friedman pose sa voix avec nonchalance et délicatesse, voire paresseusement. Idéal pour rêvasser au soleil. Quelques cordes et choeurs supplémentaires seulement, font de Search For Life le titre le plus élaboré, presque symphonique, à la manière de San Fermin.

Mais la simplicité de la musique ne relève que plus tragiquement un propos grave et prémonitoire, tellement édifiant à entendre ces jours-ci. Si On The Breeze semble porté par la nostalgie pastorale, le souvenir d’un monde plus simple, la mélodie acidulée d’Overlord dénonce les mécanismes de la violence et les manipulations populistes. In Search For Life porte le désespoir dans son titre, et Guarding The Baby se demande, à peine malicieusement, ce que feront  nos enfants si l’avenir n’a plus rien à offrir.

Les paradis perdus de Windows Open font mouche à chaque note. La science de Dirty Projectors leur permet d’avoir trouvé une fois encore  le son juste pour parler de notre époque. Quitte à évoquer la fin du monde, il fallait bien le dire avec légèreté.