Die Antwoord – « Ten$ion »

Die Antwoord – « Ten$ion »

die180Album
(Zef Records)
20/02/2012
Épreuve masochiste

Il y a trois ans, Die Antwoord profitait du buzz, suscitait la curiosité de tous qui le croyaient alors capable de révolutionner le hip hop. Dans leur opportunisme légendaire, les majors ont joué des coudes pour intégrer le crew sud africain dans leurs rangs, le laissant filer droit dans le mur avec « $o$« : un premier album totalement à côté de la plaque tant il s’écroulait sous le poids de cet univers conjuguant volontairement débilité et grossièreté, plutôt que de transformer son originalité en or et ainsi tenir la cadence imposée par le soin tout particulier apporté à l’image. Le temps d’une quinzaine de titres aura donc fallu au soi-disant phénomène pour manquer l’opportunité de s’inviter durablement sur la carte du hip hop mondial. Bien planqué derrière sa magnifique pochette, « Ten$ion » s’annonçait donc plus qu’aucun autre comme un deuxième album à double tranchant. Avec lui, non pas la pression d’avoir à confirmer, mais de rectifier le tir au plus vite. Ce que Die Antwoord ne parviendra malheureusement jamais à faire. Car, même lors de passages efficaces aux ficelles bien trop grosses pour qu’on puisse en faire abstraction (le recours classique au dubstep dès l’entame « Never Le Nkemise », aux gimmicks usés du hip hop sur « Hey Sexy » ou « So What? »), le trio retombe dans ses travers en cantonnant sa musique au supportable uniquement dans le cadre du visionnage d’un clip ou – au pire – en live. « I Fink U Freeky », aux influences techno imbuvables mais au clip superbe, est ainsi le titre parfait pour illustrer un état de fait qui – à coups sûrs – ne manquera pas de se répéter au fil du disque. Bingo: Die Antwoord n’a manifestement pas appris de ses loupés, s’y enfonce même gaiement en oubliant cruellement de compenser quelques productions insupportables (« Baby’s On Fire », « Never Le Nkemise 2 »), presque éreintantes (« Fatty Boom Boom »), par des rimes d’un minimum de profondeur. De leur étiquette rap-rave qu’ils se sont eux-mêmes collés à la sortie de leur premier album, les trois privilégient donc cette fois ouvertement la rave. Sans jamais faire rêver…

Disponible sur
itunes14


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2 Commentaires
  • Tweek
    Posté à 18:56h, 12 février Répondre

    Même pas envie d’écouter… Le premier clip tu te dis OK c’est original, ça dérange, ça choque. le deuxième tu te demandes combien de temps ils vont insister à balancer inutilement des images malsaines. Le troisième c’est la goutte d’eau, et étant donné que le son n’a finalement de l’intérêt qu’avec l’image, on va arrêter là… J’ai vraiment l’impression que les gens suivent parce que c’est provoc donc cool!
    Merci pour cette honnête chronique.

  • L
    Posté à 01:40h, 25 novembre Répondre

    Ce groupe à pour \univers\ le zef, c’est a dire une sous culture dont le principe assumé est \nous sommes d’énormes beaufs d’afrique du Sud, mais nous sommes créatifs\… Avant d’attendre d’un groupe qu’il vous sorte le parfait petit mélange hype que vous sembliez attendre de pied ferme, essayez deja de comprendre son principe… Que cette album vous déplaise, c’est une chose mais il est parfaitement ce qu’on pouvait attendre d’eux : un mélange bizarre et décomplexé d’influences raves, tribales, rap poussées à l’extrème.

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