21 Oct 10 Die Antwoord – « $O$ »
Album
(Interscope)
18/10/2010
Rap rave cauchemardesque
La scène hip hop sud africaine a beau être excentrée, elle n’en est pas moins victime des mêmes maux que les autres: le montage en épingle incompréhensible de quelques unes de ses entités soutenues par un buzz inexplicable. Car si ce microcosme hip hop a déjà fait couler pas mal d’encre pour des raisons hautement justifiées (Ben Sharpa, Sibot…), on peine à comprendre pourquoi Die Antwoord, nettement plus efficace quand il s’agit de soigner son image que sa musique, passionne autant de monde. Parce qu’il ne faut pas le cacher, « $O$ » est le premier album absolument imbuvable d’une énième déclinaison d’un marketing véreux, un savant mélange « artistique » d’Eminem et d’Aqua s’égosillant en anglais comme en afrikaan, en roulant même parfois les R (« Rich Bitch »), sur des productions du plus doué des djs des parkings de banlieue de Soweto (Dj Hi-Tek, pas lui mais l’autre). Du rap rave si l’on en croit les intéressés. On ne retiendra donc rien de l’histoire, seulement de la mise en scène: Watkin Tudor Jones, pilier de la scène hip hop du pays, incarne un Ninja aux allures de légionnaire nerveux aussi débordant de neurone qu’un supporter serbe, accompagné d’un lutin blond, sorte de Minimoy en la personne de Yo-Landi Vi$$er à la voix limite supportable. A eux trois, ils font de Die Antwoord une autre incarnation: celle du Zef – mouvement white trash à la sauce sud africaine – qu’ils ne manquent pas de représenter, au pire dans leur musique, au mieux dans leurs vidéos, celles par qui tout a commencé d’ailleurs. Car, si grimaces et remontées acides sont de rigueur à l’écoute de n’importe quel morceau de ce premier album (sur « Wat Kyk Jy? » et « Beat Boy » surtout), on sourit franchement à la lecture des différents clips du groupe, toujours très soignés, qu’il s’agisse de « Enter The Ninja » avec ses rats et sa victime de progeria, ou de « Evil Boy » (produit par Diplo) avec ses monstres et défilés de phallus. Sauf que tout ca ne fait pas un disque qu’on adorera écouter en boucle: l’élément qui reste déterminant pour que le public se déplace pour juger de l’efficacité live de ces freaks, sorte de martiens gitans qui auraient pourtant déjà prévus de sortir cinq albums. Prions plutôt pour que la blague cesse au plus vite. Chacun sa merde, on a déjà René La Taupe.
No Comments