Denzel Curry – ‘Melt My Eyez See Your Future’

Denzel Curry – ‘Melt My Eyez See Your Future’

Album / Loma Vista / 25.03.2022
Hip hop

Il ne faut guère plus que quelques notes de piano et une voix morriconienne pour se rendre à l’évidence, celle qui nous dévoile un nouveau Denzel Curry. Au fil des morceaux qui s’égrènent ici, pas de fulgurances bipolaires, ni d’embardées furieuses si promptes à incarner l’énergie inégalée du rappeur floridien et de son flow mitraillette, mais une ambiance de western spaghetti, celle de ces villes qui bourdonnent avant les règlements de compte portés par des voix angéliques (Walkin), des cascades de piano fredonnant du jazz à nos oreilles (Melt Session #1, Mental) et une ribambelle de jeunes premiers venus appliqués à découper une production soulful (Ain’t No Way). Dans tout cela, pas ou peu de trace du Denzel Curry d’avant. La folie d’antan s’attrape plutôt le temps du stupéfiant Zatoichi et de son refrain en forme d’Omen Rythm, ou du débit imperturbable de Sanjuro

Qu’importe, l’essentiel est ailleurs sur cet album qui vient conclure une ère dans la carrière prolifique de ce presque trentenaire, lequel n’aura jamais cessé de se renouveler. Depuis ses débuts vaporeux en tant que figure du Soundcloud Rap, jusqu’à son album hommage à Carol City, son fief floridien, en passant par deux EPs au psychédélisme léger avec le génial producteur Kenny Beats, Denzel Curry a toujours su fuir à temps les redites et les petites cases qui seraient venues l’enfermer dans une posture éternelle. 

Incarnation parfaite de cette liberté sans cesse revendiquée, Melt My Eyez See Your Future a tous les accents du fameux ‘album de la maturité’. Si on ne fera pas l’affront de consacrer cette formule éculée à sa nouvelle orientation, il faut reconnaître que le ton mélancolique du disque – notamment sur le terrassant X-Wing et l’inquiétude prononcée de The Last – confère au rappeur une attitude surplombante, soucieuse désormais de rendre compte d’une réalité glaçante. Au bout de The Ills, c’est finalement la sensation de conclure un énorme chapitre qui prédomine. Celui d’un artiste plus que jamais en phase avec ses désirs, véritable touche à tout de plus en plus attiré vers le soleil et la mélodie, sans renier pour autant quelques sombres effluves du passé. Au plus près de l’astre, l’avenir s’annonce donc aussi radieux qu’incertain.

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ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Walkin, Worst Comes To Worst, The Last, Ain’t No Way, X-Wing, Zatoichi

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