Deftones – ‘Ohms’

Deftones – ‘Ohms’

Album / Warner / 25.09.2020
Post métal

Plus encore cette année alors qu’il fête les 20 ans de son chef d’oeuvre White Pony, l’heure est au bilan chez Deftones. Malgré la pression de toujours devoir égaler ses meilleurs albums, les attentes de fans exigeants, ses volontés de ne jamais faire de surplace, le groupe n’a jamais véritablement déçu. Au pire, chez lui, un disque en deçà n’est que le signe d’une petite merveille à suivre, et Gore (2016) en est la preuve tant il sert aujourd’hui de faire valoir à cette nouvelle livraison sujette toute l’année aux spéculations, et qui remet à son tour le quintet à sa place : tout en haut.

Dire de Ohms qu’il est pur jus est un euphémisme. Porté par l’excellent travail de production de Terry Date, déjà aux manettes des premiers opus, ce nouvel album libère toute la tension, la lourdeur, l’émotion et le groove si caractéristique que l’on vient chaque fois chercher chez le clan de Sacramento. A ce titre, l’ouverture Genesis, introduite par des synthétiseurs planants avant de sortir les muscles, rappelle l’âge d’or White Pony et laisse peu de doute sur la teneur de ce qui va suivre. Car, à plusieurs reprises ici, les deux extrêmes de l’identité Deftones cohabitent le plus naturellement du monde, faisant de Ohms un album qui ne soit pas qu’une démonstration de force, ou la simple mise en application d’expériences cumulées.

Chaque membre du groupe se charge d’ailleurs d’aller puiser de nouvelles ressources dans la richesse d’un collectif au sein duquel Abe Cunningham s’est rarement montré si impressionnant. Saisissant chaque occasion pour extraire Deftones d’un registre métal trop étriqué et souligner son jeu de batterie unique, c’est seul – en s’emparant des clés du groove (Radiant City, Headless) – ou en jouant au plus près de ses acolytes qu’il élève les compositions du groupe à un niveau inattendu. Derrière lui, Stephen Carpenter revient généreusement à ses riffs massifs (Genesis, Urantia), tandis que Sergio Vega (basse) et Frank Delgado (claviers) contribuent à la profondeur étourdissante de ces dix morceaux pour le moins inspirés, notamment lors des seuls passages plus atmosphériques laissant le temps à l’auditeur de reprendre son souffle (The Spell of Mathematics, Pompeji).

Comme frappé par un vent de jeunesse, poussé par le feu qui anime et consume doucement ce nouvel album, Chino Moreno s’est lui aussi rarement montré aussi bien dans ses pompes qu’au fil de Ohms. Fidèle à lui même, entre chuchotements et cris (The Link Is Dead), il pousse sa voix à des hauteurs vertigineuses pour quelques refrains d’anthologie (Error), s’attache à laisser la langueur de son chant occuper tout l’espace façonné par le groupe (Headless, Ohms), et s’applique en toute occasion à souligner l’identité singulière de Deftones, parfaitement conservée ici. Et pour cause, tout au long de ces dix titres à l’équilibre rare, ou l’agressivité est toujours d’une éclatante beauté, le quintet offre à ses fans un parfait condensé de 25 ans d’audace, quand tant de groupes viennent et disparaissent en en restant dépourvus. Un coup de maitre.

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ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Genesis, Error, Radiant City, Headless, Ohms


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