Death And Vanilla – ‘Are You a Dreamer?’

Album / Fire Records / 10.05.2019
Pop pas corn

Death & Vanilla est le fruit d’un anachronisme contrarié. Originaires de Malmö, Marleen Nilsson, Anders Hansson et Magnus Bodin ont un pied dans leur époque et la tête ailleurs, dans un autre siècle. Ainsi, ils cultivent quelque chose de rare, une inter-temporalité chimérique qui confère à leur musique une aura marquée et hypersensible. Revenus des salles obscures et des bandes originales élimées (The Tenant, réinterprétation du thème de Polanski), ils présentent aujourd’hui Are You A Dreamer? paru sur le très recommandable label londonien Fire Records, et répondent à la question avec élégance.

Il faut se pencher pour le voir, pourtant il est bien là. L’œil scrute, le regard tourné vers l’auditeur, s’affichant et s’entendant sur leurs albums pour rappeler que vision et audition ne vont pas l’un sans l’autre. Un pouvoir d’évocation que dénote l’univers de Death & Vanilla, semblable à la mélodie fragmentée d’un vieux jouet retrouvé au grenier (Mercier). Les huit titres du disque déploient une pellicule de souvenirs, de sonorités passées, de bribes chinées ça et là (Let’s Never Leave Here).

Composées grâce à des procédés presque plastiques – collages, superpositions, flous -, les variations pro mellotron et le chant éthéré de Marleen Nilsson emportent (Wallpaper Pattern). La spirale se met en place (The Hum), aidée d’un psychédélisme poétique (Eye Bath). Elle appelle au vertige, rappelle la psychose pour mieux la dompter et nourrit l’obsession avec pudeur. La musique de Death & Vanilla se fait la chambre d’écho de nos songes et de nos émotions.

D’abord quelques notes, littéralement égrenées, puis un ruban électrique aérien débute le travail d’hypnose avant de s’enrouler sur lui-même jusqu’à former une boucle tourbillonnante à l’infini. Voilà comment s’écoutent A Flow In The Iris et les morceaux suivants, à la fois proches et lointains mais surtout très beaux. Et si le meilleur moyen de traverser les époques était de rêver ?