10 Nov 11 dDamage – « Brother In Death »
Album
(Tsunami Addiction)
14/11/2011
Musique électr(onique/ique)
Perchés tout en haut de leurs dix ans d’expérience, les frères Hanak sont devenus indissociables du décor offert aujourd’hui par la musique électronique française. Cela n’aura pourtant pas été sans mal tant il leur aura fallu constamment repousser les tentatives d’éviction, notamment de certains médias à qui dDamage a parfois semblé donner de l’urticaire. Il faut dire que le duo n’a pas la langue dans sa poche, dit souvent ses quatre vérités sans peser le poids de ses mots, et réfute toute notion d’opportunisme quand il est question de musique: trois traits de caractère auxquels il est toujours resté fidèle, ne se laissant dicter sa voie que par un puissant besoin de liberté, évident à le voir papillonner d’un label à un autre, comme du hip hop underground à l’electro la plus intense qui font régulièrement son registre. Sans jamais oublier cet esprit punk qui, sur scène comme à la ville, le caractérise.
« Brother In Death », sa sixième ligne au chapitre des albums, ne fait donc pas exception. Comme ses prédécesseurs, cet opus enfonce le clou d’une approche musicale originale, à la fois sombre et cinglante, aux choix de sonorités définitivement personnels qui font qu’on reconnait instantanément la marque de fabrique de la fratrie (« Boris Elstine’s Rap », « Fred Savage »). Du coup, les intimes y retrouvent illico leurs repères: un sentiment qui laisse d’ailleurs étrangement penser de prime abord que, à défaut de rester virulente, la foreuse dDamage n’est plus aussi puissante qu’elle ne l’était. L’impression ne tarde cependant pas à se dissiper dès qu’on entre de plein pied dans ce « Brother In Death » qui, certes a connu aînés plus sanglants, certes repose sur le confort d’une base maintes fois utilisée (« Shut The Fuck Up Ponk », « Icedawg »), mais qui n’hésite pas non plus à mettre son nez dans des recoins encore peu visités par ses géniteurs.
En une douzaine de titres (tous inédits cette fois), dDamage poursuit donc sa nage à contre courant des modes, électronise généreusement une rage électrique qui, pour autant, ne s’interdit jamais quelques rondeurs: pas forcément une mauvaise nouvelle pour qui a toujours eu la sensation (ou la crainte) de se prendre en pleine gueule les pavés que ces deux perturbateurs s’amusent systématiquement à jeter dans la mare. D’autant qu’ils les propulsent parfois ici avec une force décuplée, qu’ils soient seuls (« Funkture ») ou accompagnés de quelques invités – de prestige pour certains – souvent responsables des quelques déviations bien senties de ce disque. C’est le cas notamment de Black Devil Disco Club et Faris Badwan de The Horrors (« Distrust To You »), de Miss Hawaii (« Sign Yer Name »), de la clique Leonard de Leonard (« Thunderneck »), et surtout d’un Mondkopf décidément talentueux (l’imparable « Ice Swann »), tous particulièrement inspirés par l’univers proposé par un dDamage aussi tenace qu’il y a dix ans, forcément plus prévisible aussi parfois.
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