Darkside – ‘Spiral’

Darkside – ‘Spiral’

Album / Matador / 16.07.2021
Alt electro

La sortie d’un premier album passionnant en 2013, devenu pour beaucoup un véritable disque de chevet, puis une tournée de concerts en 2014, aussi mémorables les uns que les autres. C’est ainsi, au sommet d’un art qui n’appartient qu’à lui, que Darkside décida brutalement d’arrêter son aventure il y a sept ans, au grand dam de ses fans. Nicolas Jaar et Dave Harrington l’ont toujours su : leur duo est pour eux une récréation, une envie de jammer ensemble, uniquement conciliable sur leur temps libre commun, eux qui n’ont jamais cessé d’être actifs à titre personnel (pas moins de sept albums pour le premier, et plus d’une dizaine de collaborations musicales pour le second). On est donc en 2021, et Spiral marque enfin les retrouvailles du duo qui se nourrit aussi bien de ses années d’expériences en solo que du regard qu’il porte sur le monde actuel.

Plus organique et introspectif que son prédécesseur, Spiral est un véritable voyage sonore, une immersion dans les profondeurs de l’âme et de la nature (et ce n’est pas la pochette qui nous contredira). Là où Psychic avait des semblants plus funky et pouvait parfois faire la part belle au groove, ce nouvel album étire le temps, ralentit le tempo et laisse apparaître une autre facette de ses auteurs. Dès l’entame Narrow Road, le ton est donné. Avec ses boucles de tambours saccadées et ses notes de guitare déchirantes, l’introduction du disque invite à la patience et signale que le voyage sera long mais intense. Tout au long de l’album, le style Darkside est reconnaissable et pourtant bien différent. Les surprises s’enchainent : plus de chant qu’à l’accoutumée (Jaar est méconnaissable), plus de guitares sèche et d’arpèges à la limite du flamenco (le solo de Liberty Bell, le morceau éponyme, ou encore The Question Is To See It All et son intro à la Exit Music de Radiohead), on frôle parfois même une tendance au blues touareg de Tinariwen (Lawmaker). Le musicien d’origine chilienne sait mener sa barque en terme de production, et transporte la guitare du multi-instrumentiste Dave Harrington dans de nouvelles sphères, la laissant apparaître souvent de manière plus fine et incisive comme sur le solo de I’m The Echo, ou bien en la rendant plus discrète que jamais sur Inside Is Out There, pour finalement la laisser exploser sur la conclusion Only Young.

Qualifiée de snobe par certains, d’avant-gardiste par d’autres, la musique de Darkside a au moins le mérite de n’appartenir qu’à lui, sans contraintes ni attentes, et de toujours se tenir éloignée des propositions musicales plus conventionnelles. Jaar et Harrington se sont retrouvé en 2018 dans une maison du New Jersey, entamant librement la construction de ce Spiral qui, pandémie oblige, sera muri et travaillé dans le temps à distance jusqu’à sa sortie. Nébuleux à souhait, l’album est une vraie exploration sonore, comme si un chaman vous invitait à prendre de l’ayahuasca en pleine forêt amazonienne. Si Pink Floyd devait avoir un héritier, nul doute que Darkside ferait figure de favori.

ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
The Limit, I’m The Echo, Liberty Bell, Inside Is Out There, Only Young


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