Danny Brown – ​’uknowhatimsayin¿’

Danny Brown – ​’uknowhatimsayin¿’

Album / Warp / 04.10.2019
Hip hop

Apaisé, Danny Brown ? Libéré des addictions et de la dépression qui lui tournait autour ? Si on mesure son état mental à l’évolution de sa musique, le rappeur de Detroit semble aujourd’hui plus serein, comme de retour d’un long trip cotonneux conclu avec Atrocity Exhibition il y a trois ans. 

Loin des vapeurs anxiogènes qui régnaient sur les productions de l’époque, le voilà qui revient au bras de Q-Tip, célèbre membre du groupe new-yorkais A Tribe Called Quest, promu ici producteur exécutif et qui habite ce cinquième album de toute son empreinte. A l’annonce de cette collaboration, on pouvait néanmoins se demander comment la folie intrinsèque de Danny Brown, sa personnalité, et sa voix lunaire pourraient s’amouracher de l’esprit old school réintroduit ici par une sommité du hip hop 90’s. Ne risquait-on pas d’y perdre ce qui faisait alors tout le sel de ce rappeur inclassable ? Ce dernier allait-il troquer ses lubies et sa folie contre le boom bap des puristes ?

A l’écoute de uknowhatimsayin¿, ces quelques inquiétudes finissent pas s’estomper, d’abord parce que Danny Brown reste un excellent rappeur, capable de moduler sa voix et de proposer trois flows différents en un seul morceau qu’il finit toujours par s’accaparer. Ici au prise avec une matière plus apaisée, il répond toujours avec la même intensité, habitant chaque production de son timbre de voix unique et de ses mots déversés sur des boucles de cordes et de piano qui croyaient s’en tirer tranquille. A ce titre, Theme Song est l’exemple parfait du rappeur engloutissant petit à petit une production que l’on pourrait penser trop intimiste pour lui. 

Finies donc les productions hédonistes estampillées Rustie ou A-Trax, place au classicisme de l’âge d’or et à un psychédélisme subtil qui vient soutenir et faire le lien entre le changement de ton et les névroses apaisées du rappeur. Dirty Laundry a des allures de Quasimoto, Theme Song cache des voix pas si sereines dans ses violons pendant que Belly Of The Beast se laisse envahir par des spectres à deux doigts de tout engloutir. Au plus près de cette transition pleine d’ambivalence, soutenue par quelques figures faisant le lien entre indie et hip hop (JPEGMAFIA, Run The Jewels, Blood Orange), Danny Brown amorce son retour au contact d’autres teintes, et poursuit son exploration sonore et personnelle tout en cultivant une imprévisibilité qui s’affirme ici comme la plus grande de ses qualités.

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A ECOUTER EN PRIORITE
Theme Song, Belly Of The Beast, Savage Nomad, Best Life, Combat


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