Daniel Blumberg – ‘On&On&On’

Daniel Blumberg – ‘On&On&On’

Album / Mute / 31.07.2020
Free folk

Une chanson réussie s’insinue dans les mémoires sous la forme d’une ritournelle, et invite à la réécoute. Ce processus a quelque chose de l’obsession, comme s’il fallait être à nouveau confronté au dit morceau pour chasser la mélodie intérieure, encore et encore.

Il y a quelque chose du lion en cage dans les comportements obsessionnels. D’ailleurs, le sentiment amoureux blessé peut conduire à se souvenir de l’autre à la manière d’un refrain musical, d’un souvenir que l’on veut maintenir. Chez Daniel Blumberg, cette ritournelle s’insère par un jeu de répétition au sein des titres, et est doublée, se répétant à nouveau tout au long du bien nommé On&On&On. A la manière d’un Mantra, le londonien répète qu’il s’attendait à ce que son amour dure toujours. Comme pour le revivre, l’envisager de nouveau, comme un addict à la recherche d’un énième kick.

On&On&On est probablement l’un des albums les plus singuliers traitant d’une rupture amoureuse, en cela qu’il mise toute sa poésie sur ces répétitions. Celle d’un futur qui n’existera pas, mais sur lequel on continue de projeter ses envies. Pour réussir à faire un disque reposant sur ce propos, sans jamais effleurer la mièvrerie ou le sentiment d’en faire trop, la forme donnée à l’ensemble (production, agencements, sonorités, ordre des titres) est primordiale. Les mélodies semblent émerger et prendre vie lors des sessions d’enregistrement, partant souvent d’improvisations. Le line-up y est pour beaucoup: Ute Kanngiesser au violoncelle, Billy Steiger au violon, Tom Wheatly à la contrebasse, et Jim White de Dirty Three à la batterie, probablement le percussionniste le plus avisé pour ce type de croisement hors des sentiers battus.

Deux ans après Minus, Daniel Blumberg continue donc son excellent et savant mélange de musique improvisée, de folk mélancolique, d’expérimentations soniques. Un mélange qui s’incarne dans la voix de l’artiste anglais, aussi pure qu’incarnée (pas étonnant qu’il ait partagé une tournée avec Low avec une voix pareille).

Blumberg est par ailleurs un excellent dessinateur, dans un registre freak-art brut qui colle parfaitement à sa musique. L’artwork figurant un personnage grimaçant, assis sur une chaise inconfortable, et dessiné maladroitement en témoigne. On est ici loin du repos tranquille et serein, dans un lieu à haute prise de risque. Assurément un des ovnis musicaux de l’été.

ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
On&On, Sidestep Summer, Bound, On&On&On&On&On


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