Daniel Blumberg – ‘Minus’

Daniel Blumberg – ‘Minus’

Album / Mute / 04.05.2018
Indie folk


Du haut de ses 28 ans, Daniel Blumberg a déjà l’étoffe d’un grand tant il a appris à chaque étape d’un long chemin véritablement débuté en 2009 avec Yuck dont il a fait les plus belles heures, avant de l’abandonner à mi parcours pour se consacrer à Hebronix. C’est là, entre collaborations avec Low ou Lambchop et des sessions d’improvisation au café OTO de Londres, qu’il forge rapidement un autre trait de son caractère musical : les écritures éthérées. Il tisse ainsi des liens artistiques forts avec le violoniste Billy Steiger et le contrebassiste Tom Wheatley, qui décident à leur tour de s’impliquer dans cette nouvelle quête artistique jusqu’alors en gestation. Et pour couronner cette formidable association, c’est Jim White – batteur de Dirty Three et de Cat Power – qui vient rejoindre les rangs. Les quatre s’isolent alors cinq jours pour enregistrer en live ce que sera Minus : sept titres délicats, inspirés d’idées majestueuses, constituant une musique désolée.

Tantôt écrits, en d’autres endroits improvisés, ils émergent de l’album dans des progressions lentes, en évitant de se complaire dans la mélancolie ou dans l’expression simple des écorchures de son auteur, mais plutôt dans un amalgame d’éléments qui font écho à toute la largesse des sentiments du monde (Minus, Permanent, The Bomb). Chaque instrument est déposé avec justesse, et trouve sa place dans des interprétations de haute volée. Le piano enveloppe, le chant rassure, alors que violons et guitares hurlent dans les interstices, nous entraînant ainsi dans une torpeur permanente. On pense furtivement à Karaté, Mark Hollis ou Vic Chesnutt, tous discrètement dissimulés dans les bagages accumulés au fil de la discographie du britannique.

Pour exprimer au mieux tout ce potentiel et cette force de composition brillante, le collectif fait judicieusement appel à Peter Walsh – collaborateur et producteur de longue date de Scott Walker – pour sublimer le tout. Sous les doigts de fée de ce cinquième membre à la patte singulière et aux choix de mixage audacieux magnifiant la force du propos, Minus prend alors une tournure aussi étonnante que magistrale dont il est difficile de se relever (The Fuse, Madder, Used To Be Bolder). Choc frontal qui laisse hagard avec cependant un sentiment bien vivant qu’il vient de se passer quelque chose qui va à jamais marquer l’existence, l’album est remarquable et surprenant. Daniel Blumberg signe ainsi haut la main le chef d’œuvre fédérateur que l’on attendait depuis longtemps. Il y avait un avant Minus. Il y aura désormais un après.

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ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Minus, The Fuse, Mader, Permanent, The Bomb, Used To Be Bolder


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