08 Fév 05 Dalek – « Absence »
[Album]
08/02/2005
(Ipecac/Chronowax)
Il arrive un moment où l’amateur de musique se retrouve submergé par le poids de sa discothèque, où chaque plongée dans un nouvel album semble déja parcourue d’avance, où la lassitude prend quelque peu la place de la curiosité. Le meilleur remède dans ce cas là, c’est de (re)découvrir un artiste sonnant de façon totalement personnelle, qui ne ressemble à aucun autre
Dalëk est certes loin d’être un nouveau venu après quelques albums et surtout maxis semés ici et là, mais il revient à point nommé avec ce « Absence » hybride et multigenre encore plus difficile à classifier que ses travaux précédents: ici le flow est atypique, plus proche de la déclamation que des scandements habituels. Les instrus sont marquées par l’electronica la plus sombre et seulement remuées par des beats hiphop réduits à l’essentiel, le tout enrobé dans un flot déstabilisant de guitares rageuses filtrées et triturées
Au final « Absence » constitue la quintessence du style de Dalëk, à l’efficacité renforcée par la mise en retrait des fioritures parfois trop obscures qui parsemaient l’album précédent: un hip hop glauque et poisseux, d’une profondeur organique, bien loin de la simplicité digitale habituelle, et dont l’atmosphère n’est pas très éloignée de celle du Doom ou du Sludge
La personnalité de cette musique prend désormais toute son ampleur, amplifiée par des boucles lourdes et ciselées par des stridences lancinantes (« Asylum », « A Beast Caged »), à tel point que tout l’album semble n’être composé que d’une longue plage plombée et presque éprouvante de noirceur, parfois percée de quelques moments légèrement moins cauchemardesques (« Culture For Dollars », « Ever Somber »)
Avec ce « Absence » brillant d’une beauté malsaine, Dalëk synthétise enfin dans nos oreilles sa pierre philosophale, dont l’originalité cause un réel plaisir, seulement tempéré par la légère crainte d’un repli sur soi un peu trop autiste de l’artiste.
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