Cyril Cyril – ‘Yallah Mickey Mouse’

Cyril Cyril – ‘Yallah Mickey Mouse’

Album / Born Bad / 16.10.2020
Hippie folk psychédélique

Il y a deux ans, la Suisse et Born Bad Records nous offraient Certaine Ruines, le premier disque du duo Cyril Cyril, né de la rencontre de deux hommes dont le seul point commun semblait être leur prénom. Le batteur Cyril Bondi faisait dans le jazz expérimental tandis que Cyril Yeterian taquinait le banjo chez les helvético-cajuns Mama Rosin’. Alors que leur union nous amenait alors dans un voyage dada aussi exquis qu’inattendu, ils reviennent aujourd’hui avec un deuxième album et une recette inchangée. Les motifs répétitifs de Yallah Mickey Mouse hypnotisent, ses mots simples visent juste, poussent à la réflexion.

Des Les Gens à Animal, Cyril Cyril se lance à la recherche d’une humanité perdue. Un mot qui a deux significations. Il désigne l’ensemble des êtres humains, les gens. La masse des êtres qui pullulent à la surface de la Terre, immense fourmilière. Et puis, il y a la capacité à comprendre son semblable, à éprouver de la compassion, de l’amour pour son prochain. Les deux ne vont plus de pair. Les deux notions dérivent, s’éloignent inexorablement, et Cyril Cyril recherche une humanité préservée à travers la dense jungle des gens. En explorateurs des temps modernes, ils font le chemin inverse de ceux qui amenaient la civilisation au fin fond de l’Amazonie il y a deux siècles.

Musicalement, le duo rebâtit des ponts brûlés maintes fois entre Orient et Occident, un peu à la manière de leurs collègues de label Cheveu lorsqu’ils s’associaient aux marocains de Group Doueh. Sauf qu’ici, il ne s’agit pas d’une rencontre éphémère, le mélange de cultures s’inscrit dans l’ADN du groupe. Krautrock et musiques arabes ont ceci en commun qu’elles se prêtent à la répétition, des boucles addictives qui s’impriment dans l’inconscient, portées par des paroles plus déclamées que chantées.  Car c’est bien là le propos de Yallah Mickey Mouse : rééquilibrer une globalisation uniforme qui pencherait trop d’un côté, en aérant la mascotte du capitalisme sur les versants du Haut Atlas.

Par ses mots, Cyril Cyril fustige une société irrespirable et ses décideurs sur un ton plus direct que par le passé. La capacité d’élévation et la sérénité olympienne qui impressionnaient sur l’album Certaine Ruines se fait ici grignoter par le bordel ambiant. Il en résulte des morceaux au groove plus près du sol et galvanisé par le rejet de tout ça. Ils sont associés à la poésie planante qui les a fait connaître et qui couvre une bonne partie de l’album de ses bonnes ondes. Les plus hippies des Helvètes ne laisseront personne saper leur enthousiasme.

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A ECOUTER EN PRIORITE
Les Gens, Le Grisou, Effondrement


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