23 Nov 21 Courtney Barnett – ‘Things Take Time Take Time’
Album / Mom + Pop / 12.11.2021
Indie pop
Vous vous rappelez cette bonne copine du lycée avec qui vous alliez fumer derrière le gymnase et qui faisait toujours l’effort de rire à vos vannes ? Vous l’aviez recroisée des années plus tard et vous vous étiez demandé où s’étaient envolés ses rêves et son insouciance. Elle avait dû remarquer votre calvitie naissante. Ah les affres du temps ! Courtney Barnett aurait pu être cette fille. On avait fait connaissance avec l’Australienne à la moitié de la décennie précédente avec des EPs remplis de morceaux gentiment électriques, qui allaient de dérision à émotion, dévoilant une chouette personnalité.
Des années ont passé et la revoici avec un troisième album, Things Take Time, Take Time. Il débute par une ballade agréable qui sonne comme du Kurt Vile, son pote avec qui elle avait sorti un disque en duo (2017). Comme souvent, Courtney Barnett se place en observatrice de la société, du pékin moyen, sans en tirer de grandes théories mais plutôt du constat de terrain. Rae Street dresse donc le portrait d’une petite communauté dépassée par la vitesse folle à laquelle évolue la vie moderne et en vient à la conclusion que ‘time is money and money is no man’s friend’.
On remarque vite que l’Australienne raisonne désormais sa consommation d’électricité, utilise sa guitare avec parcimonie et évite toute saturation superflue. Quelques éléments synthétiques moins gourmands font aussi leur apparition. Cette transition s’effectue sous l’égide de Stella Mozgawa (Warpaint, Cate Le Bon) à la production et à la batterie. Seule entorse, Turning Green avance sur un beat entêtant avant de laisser la guitare aller à sa guise, pour un résultat arty / noisy unique dans le répertoire de l’artiste qui surprend d’autant plus ici.
En effet, hormis un Take It Day by Day d’une bonne humeur Kinksienne, le reste de l’album n’est pas loin d’être ennuyeux. Pourtant Courtney Barnett paraît tout à fait sereine : elle parle ouvertement d’amour, de guérison, de découverte de soi, mais … Write a List of Things to Look Foward, c’est pas un truc de coach de vie, ça ? Elle multiplie les attentions à ses proches, ‘I don’t want you to be alone’ répète-t-elle dans Sunfair Sundown. Before You Gotta Go s’articule autour de la phrase ‘If something were to happen my dear, I wouldn’t want the last words you hear to be unkind’. Il ne manque qu’une interrogation sur la nécessité de souscrire ou pas à une assurance vie, peut être sur un prochain album. Non, Courtney Barnett fait preuve d’un bel humanisme, mais c’est bien connu : les meilleurs sentiments ne font pas forcément les grands albums.
A ECOUTER EN PRIORITE
Rae Street, Take It Day by Day, Turning Green
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