
22 Oct 24 Cosmopaark – ‘Backyard ‘
Ep / Howlin Banana – Stellar Frequencies / 18.10.2024
Shoegaze
Fondé en 2018 à l’initiative de Clément Pelofy, le power trio Cosmopaark (avec Baptiste Sauvion à la batterie et de Wanda à la basse) est entré avec force sur la scène rock hexagonale avec un premier EP, Sunflower, sorti en 2019 sous la bannière du collectif Flippin’ Freaks, dont le premier extrait Mr. Big Yellow Sun avait atteint le million d’écoutes sur Spotify. Des espoirs confirmés en 2023 avec la parution de leur premier album, le profond et mélancolique And I Can’t Breath Enough, un sommet du shoegaze à la française qui a ouvert une série de concerts tout aussi flamboyants. On ne se doutait pas de ce retour rapide sur le devant de la scène, mais puisque le trio semble infatigable, on accueille avec plaisir cet EP, toujours très inspiré par les sonorités des années 90 et plus particulièrement celles de leurs illustres ainés, My Bloody Valentine ou encore Slowdive. Rendre hommage sans singer, s’inspirer sans plagier, des écueils que les bordelais balaient d’un revers de pedale Big Muff tant ils maîtrisent les codes d’un genre qu’ils ne se privent pas de questionner encore un peu plus.
Rien à voir avec une nouvelle attraction à sensations de Disneyland, Cosmopaark est la contraction de cosmonaute et du film Paranoid Park de Gus Van Sant. Un mélange parfait entre leur son planant et leurs compositions plus terre à terre (les yeux sur ses pompes, les pompes sur le pedalboard évidemment) que synthétise parfaitement Backyard, leur nouvelle pépite à la production dense et ambitieuse. Ces cinq morceaux, enregistrés avec Pierre Loustaunau (aka Petit Fantôme) et Johannes Buff (Thurston Moore, Lee Ranaldo, Lysistrata…), explorent les limites du genre en s’ouvrant à l’influence de groupes plus actuels de l’indie rock comme Alvvays, Bryan’s Magic Tears ou Feeble Little Horses.
Une multitude d’influences que dévoile superbement Starve, qui démarre sans fioriture (et sans intro) mais avec toutes les forces d’un hymne grunge : rythmique impeccable et huilée, relevée d’un couplet énergique et accrocheur, mur de guitares, et une fin bruitiste explosive qui nous entraîne en terre familière et conquise. Voix vaporeuse, guitares distordues, jeu sur les intensités, le groupe exprime un peu plus son potentiel en s’affranchissant de ses modèles même si les morceaux suivants – Olive Tree et Pure Intention – suivent eux clairement, et c’est voulu, les plus belles foulées de Loveless. Des sonorités qu’on connaît bien et qui activent notre fibre nostalgique même si, vocalement, les envolées de Clément sont plus franches que celles noyées sous des tonnes de reverb de Kevin Shields. Hole In Backyard est plus posé, porté par un arpège clair de guitare qui annonce le vrombissement du refrain. Cosmopaark prend le temps désormais de poser un peu plus ses morceaux, de les installer, de les faire monter progressivement. Une force nouvelle qui permet à chaque titre d’exprimer son potentiel pleinement. Tiny Shelter termine le disque sur une note nostalgique, et s’appuie plutôt sur les textures, les réverbérations, les répétitions pour accompagner une voix désabusée et lointaine. Un final éthéré en guise d’au revoir qui annonce des retrouvailles prochaines et des accolades sincères. Cinq titres, c’est très court, mais ils portent déjà en eux de grosses attentes et de belles promesses. Il ne tient qu’aux Bordelais de les tenir.
No Comments