Continuals – ‘Continuals’

Album / Dischord / 05.04.2024
Post hardcore

Formé autour de membres de Soccer Team, Alarms And Controls, Kerosene 454, Office Of Future Plans et Channels, Continuals affiche une solide aptitude que ses fondateurs Ryan Nelson (guitare, chant), Michael Honch (basse) et Darren Zentek (batterie) ont naturellement réanimé en sortant coup sur coup, en 2020, deux Eps digitaux à quelques mois d’intervalle. Certains de leurs titres se retrouvent aujourd’hui au tracklisting d’un premier album, agrémentés de quelques inédits.

Au-delà du plaisir de retrouver la vitalité originelle des trois compères à l’endroit exact où ils officiaient dans leurs groupes respectifs, c’est tout l’attirail des sonorités rock typiques de Washington D.C. qui éclabousse ces treize titres. Une orchestration sans fioriture, calibrée entre rythmes souples et d’autres éclatants que March 3rd, en ouverture du disque, certifie immédiatement. Tout du long, le groupe fait le choix de disséquer ses idées premières et en extrait une sève aux émotions les plus directes (First Of Many Popsicles, Another Microphone, Back When I Was Rehab) : un acte faussement simpliste qui impose au trio de se passer de tout arrangement superflu à sa triangulation mise en lumière par J.Robbins (Jawbox), lui aussi compagnon de route de Darren Zentek autrefois. Dans cette quête de l’épure, les morceaux affichent moins de trois minutes au compteur, mais disposent tous de suffisamment d’arguments pour marquer les esprits (Caught Me Slippin’, Starcade, So This Is Immortality, Exile), au premier rang desquels des riffs de guitare légèrement saturés et des parties rythmiques cachant leurs complexités derrière les mélodies de chant fluides et accrocheuses de Ryan Nelson.

En signant ce premier album classieux, Continuals réanime tout un courant esthétique de l’armada Dischord, période 90 – début 2000, que Ian MacKaye ne manque pas d’accueillir à nouveau au sein de son label. Une histoire de famille, celle de la communauté rock interconnectée de la capitale américaine, à jamais talentueuse et intemporelle, qui continue ici d’étendre son aura inaltérable. Une bonne tranche de bonheur.