Conger ! Conger ! – ‘IV’

Album / 27.10.2021
Post punk

Avec Conger ! Conger !, on ne sait jamais à quoi s’attendre. En brouillant, les pistes de son post punk originel, le trio nous a habitués, en plus de dix ans d’exercice, à apprivoiser sa particularité, au risque de parfois se perdre dans son hétérogénéité. Les marseillais sont ainsi faits, et même s’ils ont toujours la tête plongée dans les nineties, ils préfèrent s’afficher opiniâtres et imprévisibles, les pieds bien vissés à leur inspirations du moment.

Avec IV, le groupe s’est élargi d’un quatrième membre, de passage le temps de l’album. Un supplément d’âme qui n’alterne en rien sa sève originelle mais qui tend plutôt à augmenter sa force de frappe. Cette fois-ci moins éparpillés dans leurs propositions, les phocéens déroulent sans trembler dix titres solides, charpentés dans un panel rock cher à la côte Est des Etats Unis.

Ils promènent leur immanquable générosité au milieu de rythmiques primitives et de guitares toujours aussi tranchantes (Backgate, Handzman, Ghost, Wait And Sit). Le chant, quant à lui, peaufine des mélodies qui, disque après disque, gagne autant en justesse qu’en agitations émotionnelles (Fortress, The River, Upside Word). Ne pouvant finalement résister aux grands écarts, les marseillais viennent en conclusion d’album s’écarter radicalement de leur propos initial avec 2+2=4 et surtout I’m A Clown, un élan blues où guitare sèche et voix rocailleuse préparent le terrain d’un final apocalyptique certes trop court, mais aussi grandiose qu’inattendu. Deux réussites qui, avec un peu plus d’audace et au vu de leur expérience, pourraient (pourquoi pas) les amener à venir chatouiller des expérimentations plus bancales, tant ils excellent lorsqu’ils s’enfoncent dans des atmosphères plus habitées.

En attendant, ce quatrième long format prolonge la discographie variée d’un groupe pour qui redondance rime définitivement avec ennui. Conger ! Conger ! y prouve une fois encore qu’il préfère regarder le monde avec le cœur plutôt qu’avec un esprit fermé sur ses certitudes, et que ce côté artisanal (au sens noble du terme) qui transpire de ses sonorités, s’entend toujours aussi fort que sa sincérité.