10 Déc 02 Common – « Electric Circus »
[Album]
10/12/2002
(MCA Records/Universal)
A n’en pas douter, Common est certainement aujourd’hui l’un des Mc les plus coté du rap américain et la sortie de son nouvel album est en soit un évènement au moins aussi attendu que celui des Roots
Difficile en effet de ne pas faire le lien entre le rappeur de Chicago et le crew de Philadelphie puisque ?uestlove alias Ahmir Thompson, batteur des Roots, produit 8 des 13 morceaux d’ « Electric Circus ». C’est d’ailleurs sur une de ses productions que s’ouvre l’album, introduction calme et jazzy où on retrouve deux premiers invités, Vinia Mojica et Marie Daulne de Zap Mama, pour une entrée en douceur qui s’enchaîne sur un beat improbable, produit par Dilla, au sample hypnotique, sur lequel Common nous rassure quand à la valeur de son flow actuel. Puis entre en scène Bilal qui accompagne notre hôte sur « Aquarius » morceau hybride teinté d’afrobeat et de funk soutenu pas une guitare rock, sûrement l’un des titres les plus intéressants. « Electric Wire Hustler Power » nous ramène dans une ambiance plus sombre avec en featuring Sonny de P.O.D sur une production de James Poyser et Dilla avant « The Hustle » avec Omar et Dart Chillz pour une ambiance proche du psychédélique concoctée par Karriem Riggins. C’est seulement arrivé au sixième morceau que l’on retrouve une ambiance musicale plus proche de son univers habituel, produite par les Neptunes décidément présents partout, pour un duo avec Mary J.Blige. « New Wave » avec Laetitia Sadier de Stereolab nous entraîne dans un univers à l’instru inquiétante ou des breaks lyriques interrompent le flow tels des archanges pour adoucir un titre de ?uestlove qui nous prouve que sa soif d’exploration artistique, très présente dans le dernier The Roots, est loin d’être apaisée. Comme pour « Star °69 » encore une fois avec Bilal et Prince au clavier et à la guitare, excusez du peu, où les différentes influences de chacun de ces artistes sont ici présentes et se mêlent pour obtenir un résultat, certes loin d’un hip-hop classique, mais au métissage envoûtant. Que dire alors de « I Got A Right Ta » des Neptunes, où Pharrell Williams donne la réplique, plus proche du rock tendance blues avec des apparitions d’orgues et d’harmonica ? Certains auront certainement déjà l’impression de s’être perdus tellement les pistes sont brouillées par l’hétérogénéité de cet opus. « Between Me, You & Liberation » intervient comme une pause car Cee-Lo et Common placent leur texte sur un tempo lent sur lequel les flûtistes Bobbi Humphrey et Damon Bennett laissent s’exprimer toute leur virtuosité. Apparition tant attendue que celle de Jill Scott sur « I Am Music » à la couleur année trente, grâce à des trompettes et une rythmique originale, où la princesse de la nu-soul nous enchante d’un chant clair et suave à souhait avant de laisser la place à la diva Erykah Badu toujours aussi sublime pour un hommage au plus grand guitariste de l’histoire sur « Jimi Was A Rock Star » pour un titre encore une fois indéfinissable tant les influences musicales semblent être trop nombreuses et l’alchimie musicale si complexe. L’album se ferme sur « Heaven Somewhere » qui réuni Omar, Cee-Lo, Bilal, Jill Scott, Mary J.Blige, Erykah Badu, Lonnie « Pops »Lynn ( à vous de découvrir de qui il s’agit ) pour une redescente sur terre en douceur
Les scratchs ont été assurés par Babu, Joe Sinista et la plupart des morceaux joués avec de vrais instruments ce qui confirme une tendance actuelle où les rappeurs les plus inattendus se produisent désormais sur scène avec un groupe
Difficile de donner son avis après l’écoute d’un album aussi varié, aussi riche, aussi métissé que cet « Electric Circus » qui pourrait être qualifié de grande expérimentation au sens le plus large du terme, aussi bien à cause des nombreux invités que de la diversité des influences
Certains diront que cet album correspond bien à l’air du temps car aussi bien Talib Kweli, que The Roots, ont adopté une nouvelle sonorité qui se répand très vite dans le monde du rap. On regrettera l’absence d’un Dj Premier qui avait l’habitude de faire briller Common, ou d’un No I.D autrefois producteur attitré, pour reconnaître qu’une page est tournée dans sa carrière et que cet album a le mérite d’ouvrir une porte au métissage artistique, prouvant aux plus sceptiques que le Hip-Hop n’était pas condamné a rester replié sur lui-même, et que le mélange des genres le fera sûrement plus avancer que reculer
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