Coeur-Joie – ‘Réminiscences’

Coeur-Joie – ‘Réminiscences’

Album / Howlin Banana / 30.08.2024
Post-Twee Pop

On a découvert Cœur-Joie avec Allumettes Au Bout Des Îles, EP de sept titres sorti en 2022 sur Hidden Bay Records, dont la nonchalance et la légèreté évoquaient déjà une filiation évidente avec Brigitte Fontaine, Katerine, Stereolab ou les canadiens de Corridor. Depuis, le quatuor fondé par le guitariste-chanteur Martin Meilhan-Bordes – et composé de Milia Colombani à la batterie, Adrien Berthe (ex-Structures) aux claviers, Paul Rannaud à la basse – a évolué en quintet avec l’arrivée de Stanislas de Miscault au saxophone, échappé pour l’occasion du groupe Les Mercuriales qui a les honneurs de la presse spécialisée en ce moment. Auto-proclamés inventeurs de post-twee pop, les parisiens sortent enfin leur véritable premier album Réminiscences sur un de nos labels préférés, Howlin’ Banana, et montrent qu’ils n’ont rien perdu de leur goût pour les chemins de traverse qui mènent à l’exact croisement entre pop anglo-saxonne éclatante et chanson française malicieuse.

Car les ritournelles de Coeur-Joie, sans être des modèles d’efficacité mélodique (au sens mainstream du terme) sont terriblement accrocheuses et sinueuses. Ciel De Traîne, paru un peu plus tôt dans la torpeur printanière, nous avait mis l’eau à la bouche avec ses sonorités rondes et claquantes, son gimmick 80’s et le chant éthéré et fragile de Martin. Une voix feutrée et blanche qui surprend d’abord mais qui nous convainc assez rapidement. Faussement naïve, elle se balade en funambule tout le long de l’album, chancelante parfois, solide en permanence, comme un équilibriste sur un fil pour lequel on vibre, attendant une chute qui ne vient jamais. Une gageure quand on s’aventure sur le terrain largement exploité du minimalisme vocal, popularisé par Gainsbourg, sublimé par La Femme ou Bertrand Belin et qui pouvait nous faire craindre une certaine lassitude sur la longueur. Et même si le disque est court, il n’en est rien tant les neuf pistes s’enchaînent avec aisance, mélangeant paroles surréalistes et tensions textuelles comme sur le chaloupé et psyché L’Île Aux Diables qui ouvre l’album.

Cohérent de bout en bout, Réminiscences sait aussi souffler le chaud et le froid en continu, jetant guitares cinglantes et lignes de basse exaltées sur un lit de cuivres ardents sur la première partie du disque (Les Années Moyen-Âge, Cœur-Joie). Puis subtilement, le groupe glisse peu à peu vers des textures lo-fi et synthétiques (Verillon, Au Rythme Des Néons) qui teintent leur rock psyché d’une touche cold wave et sombre pas désagréable du tout. Le titre Serpentes, en clôture, résume à lui seul l’esprit qui anime les cinq musiciens de Cœur-Joie : faire simple sans être simpliste, accueillir sans rougir des mélodies modernes dans la ronde d’une pop nostalgique et surannée. Mais surtout, on ressent cette joie d’être ensemble. Alors reste au quintet le soin de transformer l’essai réussi de ce premier album, mais à cœur vaillant rien d’impossible.   

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ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
L’Île Aux Diables, Ciel De Traîne, Rescomuna, Aux Rythme Des Néons


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