18 Nov 24 Clément Nourry – ‘Amor’
Album / Capitane / 08.11.2024
Expérimental
C’est en plein Covid que nous avions découvert la personnalité attachante de Clément Nourry, ce musicien multi-facette arpentant depuis plusieurs années les corridors musicaux bruxellois. Fondateur d’Under the Reefs Orchestra, trio de jazz belge qu’on vous conseille sans réserve, et gravitant autour de nombreuses collaborations de qualité telles que Yokai, il nous propose un troisième album solo intitulé Amor sur le passionnant label belge indépendant Capitane Records qui lance d’ailleurs sa coopérative musicale, un contre modèle inspiré de l’économie sociale.
Le disque est divisé en huit morceaux. Le Français expatrié peint principalement avec ses guitares des ambiances qui épousent avec calme et apaisement des paysages le plus souvent onduleux. Sur Amor, Ry Cooder semble lui avoir susurré quelques confessions désertiques. Guidé par ses guitares lumineuses, on se laisse promener au travers de ces longues courbes désertiques interrompant les routes rectilignes infinies des plaines américaines. Pour celles et ceux en mal d’imagination, utilisez les titres des morceaux comme catalyseur pour un instant d’errance étourdie salvateur. Sur Coyote, l’auditeur est transporté dans la peau du canidé déambulant dans l’environnement désertique. Le sémillant Le Cœur Léger nous invite lui à une promenade joyeuse, lorsque Salinas Grande prône un apaisement absolu. Par moments, on se retrouverait presque projeté 50 ans en arrière, à l’époque du fabuleux collectif Popol Vuh qui trouvait néanmoins son inspiration plus au sud du continent américain, dans le bassin amazonien.
Si la musique de Clément Nourry est inclassable et intrinsèquement polymorphe, il y a cependant deux évidences : la poigne que Ry Cooder a pu infliger à cet Amor qui mériterait d’être habillé d’images, mouvantes ou pas, afin d’en révéler encore davantage sa substance évocatrice. Après l’écoute de l’album du noctambule, des questions demeurent. Pourquoi certains titres sont exprimés en français quand d’autres font appel à l’anglais ou l’espagnol? Pourquoi nous délivrer une musique exclusivement instrumentale ? Pourquoi cette pochette ? Mais c’est une autre facette insidieuse de la musique de Clément ; elle agit comme un appel à la liberté, aux interprétations plurielles, sans un besoin impérieux de délivrer des réponses à ces questions prosaïques.
Orfèvre guitaristique, Clément Nourry développe ici une nouvelle ligne musicale. Tel un puzzle, l’artiste assemble consciencieusement des sons délités. Si Amor est moins explosif que le projet Under the Reefs Orchestra, on détecte aisément des similarités (Fumée du Crépuscule) même s’il semble inutile de l’associer aux autres projets du musicien. Un album certes exigeant pour l’auditeur pressé, mais qui séduira le passant patient.
A ECOUTER EN PRIORITE
Salinas Grande, Coyote
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