Civic – ‘Taken By Force’

Album / ATO / 10.02.2023
Proto punk

Un Ep si réussi qu’il est désormais introuvable, un premier album – Future Forecast – qui l’est tout autant et pour lequel une distribution européenne se sera longtemps faite attendre, et voilà que Civic passe enfin le cap du groupe peinant à s’exporter malgré un talent incontestable. En rejoignant notamment ses concitoyens d’Amyl & The Sniffers et King Gizzard & The Lizard Wizard chez ATO Records, le quintet de Melbourne – décidément l’un des principaux berceaux du punk actuel – peut désormais voir plus loin et répandre définitivement son authenticité, comme son énergie fédératrice héritée d’un background hardcore, partout ou l’on voudra bien l’accueillir.

Toujours animés par leur volonté de rendre hommage à leurs ainés australiens, les cinq furieux ont, après avoir enregistré les arrivées de Jackson Harry (guitare) et Matt Blach (batterie), mis les petits plats dans les grands et sonné aux bonnes portes. Qui de mieux en effet que de s’offrir les services de Rob Younger (leader de Radio Birdman) à la production, et de Mikey Young (Total Control, Eddy Current Suppression Ring) au mix, pour accoucher d’un proto-punk mélodique en tous points respectueux des caractéristiques du genre ?

Pensé comme la bande son d’un monde moderne fruit des plus grandes anxiétés, ce nouvel album aligne, comme ses prédécesseurs, quelques brûlots foudroyants ponctués de riffs et soli (End of the Line, Fly Song, Born In The Heat, Time Girl), mais s’accorde aussi quelques morceaux moins intenses pleinement axés sur la mélodie (Taken by Force, Wars or Hands of Time), voire quelques embardées de pop grésillante (Trick of the Light, Blood Rushes) qui contribuent non seulement à la plus grande diversité de cette troisième salve, mais aussi à son allure plus conciliante.

Moins arrogant que par le passé, moins cinglant dans ses sonorités, Civic ne se satisfait plus des trois seules cordes de guitare de ses débuts. Pour autant, le groupe conserve tout au long de ce Taken By Force cette intemporalité rock n’roll qui frappait déjà à l’écoute de ses premiers enregistrements, confirmant ainsi qu’il a pleinement atteint son objectif d’y refléter toute l’estime qu’il porte à ses ainés. Rien de neuf à l’Est donc, si ce n’est des inspirations parfaitement mises à l’honneur et la certitude que, si le monde devait s’écrouler du côté de l’Australie, ce serait immanquablement sur des accords punk.