
15 Juin 25 Civic – ‘Chrome Dipped’
Album / ATO / 30.05.2025
Punk
Depuis quelques années maintenant, l’Australie a le vent en poupe et, il faut l’admettre, toute la musique à guitares que le pays exporte jusqu’à nous – qu’elle soit punk, garage ou psychédélique – bénéficie d’un certain traitement de faveur tant le refus du surplace caractérise ses plus dignes représentants. De King Gizzard & The Lizard Wizard à Amyl & The Sniffers, en passant par Tropical Fuck Storm, tous ne se sont jamais reposés sur leurs lauriers en déclinant simplement leurs premiers succès, au risque parfois de diviser un public jusque là tout acquis à leur cause. Civic ne fait pas exception. Après plusieurs Eps, le combo de Melbourne s’est en effet lancé dans une série d’albums qui, tous, ont illustré chacun leur tour les envies d’évolution qui l’animent. Avec Chrome Dipped, dernier de la liste, le groupe prend là encore ses distances avec le proto-punk affiché il y a seulement deux ans tout au long de Taken By Force.
Civic a beau rester campé sur les bases hargneuses et frondeuses du punk australien qui l’a fait grandir (The Hogg, Trick Pony, Poison, Fragrant Rice, Swing Of The Noise), il parvient à moderniser son registre jusqu’à échapper aux fantômes de ses aînés, non sans une efficacité remarquable. Pour cela, il abat la carte de la diversité, d’une richesse musicale croissante et d’une liberté artistique inédite, jusqu’à parvenir à facilement décoller les étiquettes qu’on lui flanquerait trop rapidement sur le dos. Un exercice de contorsionniste réussi grâce à de nouveaux atouts – un chant devenu plus doux et mélodique affiché dès l’imparable premier single éponyme, un nouveau batteur à la frappe plus nuancée, une production (signée Kirin J. Callinan) plus lisse que par le passé – et quelques virages pris de façon plus radicale. Pour exemples, Civic vire post-punk dès l’entame The Fool bordée de synthétiseur, opte pour une tension noise oppressante sur Starting All The Dogs Off ou sur la surprenante seconde moitié de Trick Pony, et lève considérablement le pied à l’occasion de ballades débordantes d’émotion (Kingdom Come, ou Gulls Away sur lequel Jim McCullough aborde le décès de sa mère).
Incarnation d’une rupture sans pareille dans la discographie des Aussies, Chrome Dipped est ni plus ni moins qu’un album de consensus : celui d’un Civic plus mature, plus ouvert à de nouvelles inspirations mais toujours très attaché à ses racines. Celui aussi, d’une Australie qui voit deux générations punk rock réunies au sein d’un même disque. Ca ne va pas sans pots cassés ni déçus, mais la démarche est rassurante à une époque où la prise de risque ne court plus les studios.
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