Cate Le Bon – ‘Pompeii’

Cate Le Bon – ‘Pompeii’

Album / Mexican Summer / 04.02.2022
Synth-pop

Depuis deux ans que le COVID 19 fait son tour du monde, nous vivons tous la pandémie de manière différente, chacun avec sa petite histoire. Et celles des artistes sont juste ‘plus’ différentes que celles du commun des mortels. Celle de Cate Le Bon, par exemple, donne le tournis : la demoiselle était en Islande à travailler sur le dernier disque de John Grant quand les choses sont devenues sérieuses. Puis il a fallu rentrer à la maison, dans le désert des Mojaves où elle n’est restée finalement que deux mois à écouter le vide du Grand Ouest avant d’envisager enregistrer un nouvel album dans un endroit où elle n’aurait aucun repère, comme en Norvège ou au Chili. C’est finalement seule, dans la demeure familiale du Pays de Galles qu’elle a atterri, son compagnon – le peintre et musicien Tim Presley – ainsi que son ami Samur Khouja – avec qui elle collabore depuis l’album Mug Museum en 2013 – ne la rejoignant que plus tard. Cate Le Bon est philosophe et un rien dada, mais tout a ses limites. De ces semaines d’isolation subie, de situations absurdes et de claustrophobie passagère vont découler un sixième disque au nom annonciateur de catastrophe imminente : Pompeii.

Cate Le Bon a beau avoir avoué enregistrer l’album dans un grand état d’inquiétude, elle semble pourtant évoluer ici à l’intérieur d’une bulle chaleureuse, dans un état de légère ivresse. Un contraste entre le ressenti et le texte prend par exemple sens sur Remembering Me qui, sous ses airs funky, se veut un journal intime névrotique multipliant les questions sans réponses. Pompeii donne cette impression constante d’évoluer entre songes et réalité, dans une torpeur indéfinissable, une langueur troublante, comme si son auteure nous ouvrait encore un peu plus grand la porte de son subconscient, le pays de ses merveilles et de ses peurs. Ainsi Running Away, tout en rondeurs, laisse fuir un bonheur qu’il touchait du doigt ‘It’s the sweetest thing that you never had. You can’t put your arms around it, its not there anymore.’

Par rapport à l’admirable Reward, le précédent album sorti en 2019, Pompeii fait la part belle aux nappes synthétiques : une évolution notamment due à sa collaboration avec Stella Mozgawa (la batteuse de Warpaint, avec qui Cate Le Bon a travaillé sur l’album de John Grant). Et puis, il y a toujours le saxophone de Euan Hinshelwood qui maraude d’un morceau à l’autre et vient nous rire au nez à la fin de Dirt on Bed. La Galloise produit ici à la fois son album le plus pop et peut être le plus sérieux, sans fantaisies, ce qui est paradoxal tant le style est habituellement associé à une certaine légèreté. Mais que les amateurs se rassurent : elle n’a rien perdu de sa magnifique prestance qui fait d’elle une artiste unique. Elle même a dit ne pas savoir si elle serait encore vivante à la fin de tout ça, si ce virus viendrait ou non anéantir tout ce qu’elle avait bâti jusque là. Il faut croire que son Vésuve ne l’a pas encore trouvée.

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ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Moderation, Pompeii, Remembering Me

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