Cat Power – « Sun »

Cat Power – « Sun »

cat180Album
(Matador)
03/09/2012
Fade résurrection

Mine de rien, cela fait six ans que Chan Marshall n’était pas revenue avec des compositions originales pour offrir à Cat Power un nouvel album digne de ce nom. Un laps de temps finalement vite passé grâce aux amuse-gueules « Jukebox » et « Dark End Of The Street Ep« , mais assez long pour que la vie et ses expériences finissent par imprégner sa musique. « Ruin », premier extrait dévoilé il y a maintenant quelques semaines, ne manquait d’ailleurs pas de mettre la puce à l’oreille tant il faisait déjà souffler un vent nouveau sur une discographie puisant jusque là son charme dans la mélancolie et la finesse parfois mal dégrossie d’interprétations grattées et pianotées. Que les adeptes du Cat Power larmoyant venus chercher ici de quoi détrôner les magnifiques « The Greatest » ou « Metal Heart » s’attendent donc à repartir bredouilles.

Entièrement produit par ses soins, jouant elle-même de tous les instruments qu’on puisse y croiser, « Sun » prend dès lors un reflet miraculeux tant jamais nous n’aurions cru la demoiselle capable d’un tel exploit, elle qui s’était faite hospitaliser pour dépression nerveuse en 2006, et dont chacune des notes, la moindre inspiration semblait transpirer la thérapie. Si, en filigrane, on retrouve tous les éléments d’identification qui ont toujours jonché son parcours, c’est donc incontestablement une Chan Marshall nouvelle que dévoile ce « Sun » comme égayé par ses années d’amour partagé avec l’acteur Giovanni Ribisi, une relation qui aura pourtant pris fin au moment même ou elle mettait un terme à son oeuvre.

Loin de sombrer comme on l’aurait prédit, la belle Américaine aura plutôt trouvé les dernières ressources nécessaires pour achever ce neuvième album baigné plus qu’aucun autre de sa discographie d’une étonnante vitalité et luminosité. Mais n’allez pas croire pour autant que Cat Power rayonne de joie: si on bat le rythme plus instinctivement qu’auparavant, Marshall ne murmure pas non plus à l’oreille des coccinelles. Encore ici, le sujet peut être grave, mais il est abordé d’un angle nouveau: celle d’une quadragénaire comme définitivement libérée de ses vieux démons, qui semble avoir enfin fait la paix avec elle-même. Certes, ça ne fait pas de « Sun » son plus bel album tant il est déserté par des titres assez forts pour marquer les esprits, mais il toujours plaisant de voir un condamné se retirer lui-même la corde qu’il a au cou.

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1 Comment
  • Nicolaoua
    Posted at 12:50h, 20 août Répondre

    Dites, vous ne parlez finalement pas beaucoup du disque. Pas un mot sur le magnifique « Cherokee »? Quid de l’épique « Nothing but Time » et son duo avec Iggy Pop? « Manhattan »?

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