caroline – ‘caroline 2’

caroline – ‘caroline 2’

Album / Rough Trade / 30.05.2025
Post folk

En 2022, le premier album de caroline avait débarqué dans nos oreilles comme un petit miracle inattendu. Brouillant les pistes, échappé à la fois des sentiers (ra)battus du post-rock, de la folk, du jazz et de la musique traditionnelle, ce coup d’essai audacieux au charme fou s’était immédiatement fait une solide place dans nos cœurs.

Trois ans plus tard, le collectif est de retour avec un nouveau disque sobrement intitulé caroline 2, affublé d’une pochette à la fois je-m’en-foutiste et délicieusement à propos. Si les huit musicien.ne.s n’ont jamais joué la carte de la promo à outrance, l’invitée surprise du titre lâché pour annoncer cette nouvelle sortie avait pourtant de quoi surprendre : Caroline Polachek, comme pour la blague, rappliquant sur un morceau pour un résultat venant balayer d’un revers de main toutes nos craintes. Tell Me I Never Knew That défendait alors une ouverture vers des univers légèrement plus pop, moins arides que dans son premier essai. Situé en troisième place dans le disque, il amorce une métamorphose là où le très réussi premier single Total Euphoria marchait directement sur les plates-bandes de son prédécesseur, de sa production aventureuse à ses impulsions arythmiques.

La métamorphose, loin d’être radicale, reste pourtant réelle et perceptible tout au long de ce voyage. Les ambitions spectrales sont toujours là, tout comme la déconstruction des timbres et le puissant jeu sur les couleurs, les nuances et les contrastes. Mais au fil de ses huit nouveaux titres intriguants plaçant toujours la dimension acoustique au premier plan, de discrets éléments électroniques apparaissent pour enrichir une grammaire qui se dote désormais de la technologie pour élaborer son propre langage, toujours mâtinée d’explorations sonores et d’expérimentations formelles. Qu’il s’agisse du kick-bass sous-jacent et des effets de filtrages présents dans When I Get Home, de l’autotune libérée par Polachek qui infuse sur toute la suite de l’aventure ou de son appétit global pour les rencontres esthétiques inattendues, le disque se construit et se déconstruit comme autant de signes d’évolution vers une forme de modernité qui ne trompe pas. À l’image de ses textes existentialistes dissimulés derrière des titres souvent ironiques et référencés (Song Two, U R UR ONLY ACHING, Coldplay Cover, Two Riders Down, Beautiful Ending).

Avant-gardiste tout en ne perdant pas de vue les tendances actuelles, paradoxal toute en étant pleinement cohérent, caroline pousse à l’oxymore, au grand vertige. On pourrait alors faire raconter à ce disque mille et une histoires, en essayant tant bien que mal de deviner ce qui relève du contrôle et de la spontanéité, de l’accident et du destin provoqué. Mais ce serait oublier à quel point ce groupe possède la capacité de nous emporter dans des montagnes émotionnelles loin des villes aseptisées dont nous devrions, toutes et tous, bien pouvoir parvenir à nous extraire par le biais de cette fantastique évasion musicale.

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ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Total Euphoria, When I Get Home, U R UR ONLY ACHING, Two Riders Down

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