
03 Déc 23 Carmen Sea – ‘Sorry’
Album / La Claudière / 24.11.2023
Prog rock
Deux ans après HISS, Carmen Sea poursuit sa tonitruante trajectoire avec SORRY, toujours en lettres capitales et dans une certaine économie nominale. Et, disons-le d’emblée, son étrange morceau-titre a de quoi dérouter, justement, à l’image de la scène représentée sur la pochette du disque. Une scène qui n’est pas anodine puisqu’autobiographique, le groupe ayant survécu à un violent accident de voiture survenu à l’issue d’un concert donné l’an dernier à Tours. De cet événement qui aurait pu être fatal ou du moins laisser des traces intensément traumatiques, Carmen Sea a préféré en faire un EP, soit cinq morceaux écrits et composés par des survivants, des miraculés, galvanisés par leur énergie vitale et la volonté d’écrire, dans l’urgence et dans la tempête, leur propre histoire musicale.
Pourtant, force est de constater que les détours pris par le groupe risquent de ne pas faire l’unanimité. Les guitares lacrymales et le chant hyper-pop de la chanteuse TETHA sur SORRY, justement, oriente le collectif vers d’autres sphères, en sortant de la niche musical dans laquelle il s’était lui-même installé, de part ses ambitions esthétiques. Envie d’atteindre un nouveau public ? De chercher un nouvel élan, y compris en passant par des chemins plus hasardeux ? Peut-être. Toujours est-il que la fièvre transpire à nouveau sur cet EP, emmené par les structures math rock de ses musiciens et porté par la véritable valeur ajoutée du groupe : la présence d’un violon alternant entre phrasées lyriques et pure furie.
Chacun jugera s’il s’agit là d’une bonne référence ou non, mais il y a beaucoup du Muse électrique et fédérateur dans certaines mélodies, qui tendent peu à peu à s’extirper des scènes intimistes pour se rêver en rock de stade. Presque stoner dans sa pensée formelle, toujours post-rock et aventurier dans ses ambitions mélodiques où les modulations lointaines surgissent au détour d’une croche, la formation pose son orientation instrumentale en étendard qui semble vouloir s’affranchir, pourtant, des références, des genres et des étiquettes. Pas certain pourtant que cet album constitue celui de l’émancipation esthétique, ni même que ses nouvelles circonvolutions le mènent sur la voie de la cohérence, mais qu’importe : le groupe semble finalement aller là où le vent, ou plutôt la mer, veut bien le mener. Il n’en tient plus qu’à nous de se prendre alors, ou non, la vague Carmen Sea dans la face.
A ECOUTER EN PRIORITE
SPEED, CRASH, FEEL ALIVE
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