22 Jan 12 Cardinal – « Hymns »
Album
(Fire)
24/01/2012
Pop rétro
Ce n’est certes pas un scoop, depuis des siècles le principe est le même: au sein de la mémoire collective, un cardinal est élu par le pape pour servir l’église catholique. Oubliez tous vos acquis! Avec Cardinal (le groupe, pas les éminences), il n’est point question de références religieuses ou historiques. Ou plutôt si: l’histoire, ces garnements la connaissent par cœur. Pour leur retour, après dix-huit ans d’absence tout de même, leur deuxième album « Hymns », bien qu’assez gracieux, n’est pas sans rappeler la pop des sixties, quand les Beatles mettaient le monde à genoux. Sans cesse, l’auditeur avance pour mieux reculer ensuite, comme si aimer un morceau passionnant forçait à s’ennuyer fortement du suivant.
Autrement dit, en revendiquant haut et (très) fort l’héritage des Beatles et de Belle & Sebastian, Cardinal se perd dans son histoire. Aussi peu surprenante qu’un chemin de croix vers l’église, la pop poursuit son évolution sans renier son passé. Il manque ici une vision de la réalité, un point d’appui sur le monde actuel. Dès lors, les passages inspirés ne sont pas légion. Reste à savoir comment définir Cardinal, comme un groupe nostalgique ou comme une bande de potes mélancoliques? La question reste ouverte! Parfois éclatant, mais un peu décevant, « Hymns » perd en originalité ce qu’il gagne en production. Malheureusement, à trop vouloir produire, on prend le risque de devenir plus Fleetwood Mac que les Beatles.
Oui mais, car il y a un mais, la messe n’est pas dite. Plus l’œuvre déploie sa substance, plus elle se raréfie. Et pour cause, « Hymns » comporte tout de même des moments fabuleux, transformant ce qui aurait pu n’être qu’un laborieux album-historique en comptines pop agiles. Le tout s’apprécie avec légèreté. De quoi pardonner beaucoup d’errances à Cardinal? Là encore, on vous laisse le choix.
Alors, cet album est-il dépourvu de toutes qualités? Non! Est-il pour autant dispensable? Non plus! Parce qu’il se contente de voir le monde dans le rétro plutôt que d’affronter une époque désincarnée, Cardinal s’affiche en groupe passéiste aux mélodies sereines. Quant à nous, cela fait presque deux décennies qu’on les a adoptés, on souhaiterait maintenant savoir ce qu’ils pensent de notre époque. C’est sur ce terrain que les auditeurs les attendent.
Noodles
Posté à 23:47h, 23 janvierEn même temps B&S ils les ont précédés donc bon…
Audrey
Posté à 22:32h, 27 janvierJe comprends en vous lisant que vous ne connaissez pas la pop américaine des années 60. Car c’est avec elle que Cardinal dialogue. Vous n’avez pas les bons outils d’écoute. Par exemple, la première chanson est extraordinaire parce qu’elle décale subtilement les éléments constitutifs de cette pop-là, que les amateurs connaissent bien, et tantôt s’amusent, tantôt s’émerveillent, de voir ainsi détournés de leur rôle habituel. C’est un mécanisme un peu pervers, un jeu mental dont vous vous retrouvez exclu, par manque de culture. Ce n’est pas grave, mais il vaut mieux se taire.
Jean-Matthieu
Posté à 09:58h, 28 janvier@Audrey : je n’aurais pas mieux dit! Je trouve que cette critique manque de clarté et de sens de l’orientation. Fameux, le coup du \bien qu’assez gracieux, Hymns n’est pas sans rappeler la pop des sixties\!!! Qui, comme chacun sait, était tout sauf gracieuse (entre autres). On aime (?) mais c’est \passéiste\, \nostalgique\. La qualité de l’inspiration serait liée à un ancrage plus ou moins important dans la \réalité\… Attendre Cardinal sur le terrain du \ce qu’ils pensent de notre époque\, c’est perdre son temps. Quant à moi, je ne les attendais plus du tout et je suis d’autant plus ravi par ce très bel album!