04 Oct 10 Carbon Based Lifeforms – « Interloper »
Album
(Ultimae)
07/06/2010
Soyons honnêtes: l’ambient, c’est joli cinq minutes mais c’est souvent chiant. A de rares exceptions près, difficile de caractériser un son ou une atmosphère qui sorte de l’ordinaire. Même si certaines chroniques finalement plus cérébrales qu’autre chose peuvent vous aiguiller sur les meilleurs fabricants de nappes célestes quasi-dépourvues de beat (et néanmoins souvent aussi plates que Jane Birkin), il faut être patient et creuser pour trouver la perle. Tel le plombier du village, le label français Ultimae possède un catalogue pas toujours irréprochable, mais clairement compétent en la matière. Le dernier Solar Fields étant réservé aux amateurs à l’ouïe la plus fine, « Interloper » de Carbon Based Lifeforms est un manifeste ambient bizarrement obsédant. En effet, le troisième album du duo de Göteborg est tellement intense à sa manière, qu’on se sent obligé de monter le volume pour mieux s’imprégner de ces mélodies cristallines magnifiquement introduites par l’entame éponyme.
Petit tour d’horizon. Rien qu’en déchirant le blister, on entend un petit « Bienvenue chez Ultimae » qui sort de ce packaging et ce livret photo toujours aussi magnifiques, respectant la charte graphique du label. La techno downtempo de « Right Where It Ends » avance lourdement avec ses gros sabots, rythmant le poème conté par Anna Segerstad. C’est rare, et d’autant plus dans ce style, mais chaque piste possède un intérêt. Tournoyant, extrêmement deep et légèrement acidifié, « Central Plain » grimpe quelques étages grâce à la voix de Karin My Andersson. A coup de clochettes, « Frog » exhibe ses mélopées simples et organiques, de la même manière que « Supersede » et son groove remarquablement fluide. Avec « Init », Johannes Hedberg et Daniel Segerstad font une mini-incursion dans le monde electronica et Boards of Canada ne sera aucunement vexé si on ose les comparer à eux. « M » semble avoir été produit sous terre et piégé dans l’humus, obligé de se frayer un chemin dans les nappes phréatiques. Ok, tout ça sonne comme un cliché, mais écoutez un peu pour voir, et donnez m’en des nouvelles une fois que vous aurez, vous aussi, la tête dans la voie lactée.
JoséM
Posted at 21:26h, 27 septembreAïe! Tant de suffisance et malhonnêteté rendrait vert de rage n’importe quel sadhu indien.
Vous vous permettez en début de chronique de faire un jugement sur le genre ambient dans son intégralité. Très bien, pourquoi pas ? Mais le problème c’est que vous avancez avec le poids de l’objectivité. Quand vous affirmez et invitez à reconnaître que l’ambient « c’est souvent chiant » et qu’ensuite vous remarquez la ressemblance de tel ou tel morceau ambient, à aucun moment vous n’utilisez les précautions langagières qui vise à indiquer la subjectivité du jugement concerné. Ce n’est pas parce que vous trouvez l’ambient chiant que tout le monde la trouve. Ce n’est parce que vos oreilles et votre cerveau est hermétique à ce genre que d’autres le sont. Etc., etc… Se permettre de faire passer son petit avis subjectif pour un jugement objectif c’est faire preuve de suffisance. Et le plus rigolo c’est que, plein de jalousie envers ceux qui apprécient ce genre (on ne comprend guère pourquoi d’ailleurs, à moins d’être quelqu’un de bien infantile), vous vous permettez ensuite de qualifier leurs chroniques de « cérébral » voulant insinuer par là qu’ils se masturbent plus le cerveau que écouter vraiment la musique. Encore une fois ce n’est guère parce que vous M. François Renoncourt n’appréciez que peu le genre immense de l’ambient – car oui, dois-je vous le rappeler, faire des jugements sur quelque chose d’aussi foisonnant que l’ambient qui englobe aussi bien le piano-synthé de Eno que les nappes atmosphériques de la space d’un Stellardrone et le field recording de Biosphere nécessite un recul à la mesure – qu’il vous faut dénigrer ce que vous ne comprenez pas.
Car oui, non seulement vous ne donnez aucune preuve de votre connaissance en la matière, mais vous en donnez par contre de votre inconnaissance : dire que la couverture de l’album respecte « la charte graphique du label » c’est fort ! Bah oui cette couverture respecte les poncifs de l’imagerie ambient tout court. Voyons, un peu de sérieux, vous débarquez presque vierge de toute culture ambient, et vous voulez insulter le genre tout entier ? Vous ne faites que vous rendre ridicule et énerver quelques personnes. Une critique intéressante aurait pu pointer ce qu’elle trouvait de pénible à l’écoute de l’ambient, et dire ensuite pourquoi le nouveau Carbon Based Lifeforms ne tombait pas dans ces travers. Mais cela aurait certes ouvert le flan à la critique du puriste qui aurait raillé l’amateurisme naïf et débutant. Donc notre critique préfère faire dans le violent, attaquant sous couvert d’une autre forme de purisme et d’avant-gardisme. Sachez que tout cela ne fait que vous desservir. Et que l’ultime forme d’avant-gardisme, c’est justement l’abandon de l’avant-gardisme…