15 Avr 24 Caleb Landry Jones – ‘Hey Gary, Hey Dawn’
Album / Sacred Bones / 05.04.2024
Rock psyché symphonique
Caleb Landry Jones ne fait jamais les choses à moitié, qu’il soit sur un plateau de cinéma ou derrière sa console. Invité à faire de la musique par Jim Jarmush, il avait sorti son premier véritable album The Mother Stone en 2020, avant de distribuer deux albums intitulés Gadzooks vol.1 et 2, tous ces volumes dévoilant son goût de l’outrance, du pas de côté, un son gras et baroque à l’excès. Pas de grand changement à attendre sur ce nouveau Hey Gary, Hey Dawn, toujours aussi direct, entier, et assumé, sinon l’envie avouée de tailler ses compositions pour la scène.
Hey Gary, Hey Dawn est conçu en deux faces, certes aussi délirantes l’une que l’autre, posées sur des voix forcées de soap opéra un piano martelé jusqu’à l’agonie, mais la première définitivement plus sombre et gore (Spot A Fly), l’autre plus ironique et mélodique. On se fait cueillir d’entrée par Hey Gary, aux contrepieds incessants, glissant du murmure aux envolées grunge, le tout posé sur un tapis de cordes dont Jones ne se départ jamais, sinon pour lui substituer des cuivres tout aussi furieux. Ainsi, passée l’impressionnante Your Favorite Song, on comprend dans ce vortex incessant que l’acteur-compositeur ne nous lâchera pas.
Hey Gary ouvre une face B qui s’annonce aussi déglinguée, mais retombe rapidement dans des atmosphères de pop orchestrale sombre et rétro, terriblement mélodique. Le déluge est plus maîtrisé, le plaisir plus intense. L’enchaînement The Bonzo Bargain, Spiders In The Trees, Masandoia est fabuleux. Après un clin d’oeil vers la country (He sued His Wife), Jones clôt son album en regagnant les cieux psychédéliques et cinématographiques, avec Useless et Pageant Thieves, au swing plein d’autodérision et son final miaulé.
On perd parfois pied à l’écoute des treize titres de Hey Gary, Hey Dawn, parce que la musique de Jones est à l’image de son jeu d’acteur, aussi singulière que pétrie de références. Elle déborde d’émotion et de sincérité. On se souvient de lui à Cannes en 2022, recevant son prix d’interprétation, qui ne trouve rien d’autre à dire à l’assemblée que ‘Je crois que je vais vomir‘. La musique de Jones est pareille, directe et sans voile. On y trouve toutes ses humeurs, mais le musicien sait si bien les retranscrire qu’il y en aura toujours une chaque jour pour habiller les nôtres.
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