Caleb Landry Jones – ‘Gadzooks vol.2’

Caleb Landry Jones – ‘Gadzooks vol.2’

Album / Sacred Bones / 04.11.2022
Pop psyché baroque

Si on regarde la courbe de tendance de l’usage du mot ‘gadzook’, terme anglais qui désigne une sorte de mignon juron, on note qu’elle culmine de 1730 à 1757, avant de s’éteindre au tournant du XIXe siècle. Quelle sorcellerie devait donc raviver la flamme de ce vocable enterré depuis longtemps ? La réponse est à chiner du côté de la côte ouest des États-Unis : le coupable s’appelle Caleb Landry Jones. Acteur le jour et musicien la nuit, il sort le second volume de ses Gazdooks, toujours sur Sacred Bones, sa nouvelle collection de petits joyaux à l’éclat suranné. À lire la liste des titres et à imaginer la galerie des personnages qu’elle convoque, on comprend déjà un peu mieux la ref.

Georgie Borge (The Termite) parade gaiement entre cordes, cuivres et swing endiablé, Little Lion Blues s’écoute comme on chiale dans son verre de whisky, les yeux embués et la musicalité décousue, ou encore le très beau The Puppet Rush qui monte en grandiloquence avec panache et délicatesse. Gadzooks Vol. 2 invoque les plus beaux albums de rock sixties, inspirés et forgés aux hallucinogènes. Le rythme bifurque sans cesse, l’équilibre est précaire, les interludes viennent se nicher là où on ne les attend pas, jouant avec le son, son volume et ses effets, et le chant est une dramaturgie à lui tout seul – avec ou sans ses chœurs psychédéliques (The Shanty Shine). On imagine sans peine les Beatles en plein trip avec les Pink Floyd, discourant de la notion de couplet-refrain avec Arthur Lee, et Don Van Vliet tapotant obstinément sur un instrument laissé là.

Ces dix titres sont à l’image de la pochette du disque, visuel criard et grossièrement gribouillé qui révèle pourtant des détails plus nets dès lors qu’on s’y intéresse un peu. Une juste entrée en matière pour ce petit théâtre musical de Caleb Landry Jones, qui débute par la fin (ou finit par le début) avec Croc Killers 2, rengaine pianotée et bancale. Comme sorties d’une malle à déguisements oubliée au grenier, les compositions du musicien texans nous plongent dans un truc vintage et fascinant au possible. Gadzooks Vol. 2 a le baroque sixties plus que XVIII siècle mais se farde d’un sens de la représentation inégalé. Diantre, c’est diablement bien fichu quand même !

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A ECOUTER EN PRIORITE

Croc Killers 1, The Puppet Rush, Slink On Fido


1 Commentaire
  • PolarisDeux
    Posté à 22:53h, 13 novembre Répondre

    J’adore ! Merci pour cette découverte. Le premier album est aussi excellent

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