20 Oct 20 Cabbage – ‘Amanita Pantherina’
Album / autoproduit / 25.09.2020
Post punk
Les mancuniens de Cabbage font leur retour en grande pompe, enfoncent le clou après leur excellent premier album Nihilistic Glamour Shots sorti en 2018, et prouvent définitivement qu’il existe d’autres groupes qu’IDLES et Fontaines D.C. dans le paysage post-punk british.
Entièrement produit et enregistré par les cinq bonhommes, Amanita Pantherina montre la volonté du groupe de tendre vers des sonorités plus expérimentales et… pop. Une version Cabbage 2.0 plus mature et focus en somme. Mais ce n’est pas pour autant qu’ils se départissent de leur attitude je-m’en-foutiste et impétueuse.
Ils le prouvent d’entrée de jeu avec le fracassant Leon The Pig Farmer, une démonstration d’énergie sauvage où punk-hardcore et George Orwell se tiennent par la main. Les paroles du leader Lee Broadbent sont d’ailleurs toujours aussi justes et acerbes dans l’analyse politique et sociale de notre époque. La chanson entraînante Raus! aborde le sujet du Brexit et de ses conséquences, sous un déluge de riffs assourdissants et d’éléments électroniques. Le chaotique et retentissant Once Upon A Time In The North nous dépeint un tableau bien grisonnant et déprimant de ce qu’est la vie dans le nord de l’Angleterre. Il faut croire que le No Future scandé par Johnny Rotten il y a plus de 40 ans, a laissé des traces indélébiles. Cependant, les membres de Cabbage ne veulent pas céder au cynisme outrancier et à la critique facile. Il n’est pas question d’assommer l’auditeur à grand renfort de signalements vertueux.
Qui a dit que les punks ne pouvaient pas faire un effort pour rendre leur musique un poil plus accessible ? You’ve Made An Art Form (From Falling To Pieces) avec sa touche psychédélique et son air entêtant, ainsi que l’acoustique Hatred, sont les gages de la nature fourre-tout mais jamais brouillonne des lads de Cabbage. Cette capacité à créer des compositions mélodiques, tout en étant sur le fil du rasoir noise et punk, fait la force du collectif.
Un fait évident interpelle lors de l’écoute (même distraite) de l’album : le soin de la production et les bisous d’amour apportés au son des guitares. Que ce soit sur Medicine ou Direct-Dictate, Joe Martin et Eoghan Clifford nous font apprécier leurs influences garage à la limite du glam. Le spectre de Lux Interior, leader des Cramps, n’est pas loin. Le bassiste Patrick Neville n’est pas en reste; il suffit d’entendre l’ultra funky Get Outta My Brain et le groove bien gras de Piles of Smiles pour en être convaincu.
Depuis sa formation en 2015, Cabbage s’est taillé une sacrée réputation grâce à ses performances live tumultueuses. C’est d’autant plus excitant d’imaginer le rendu du fantastique I Was A Teenage Insect et son chorus diablement efficace au sein d’une fosse réceptive. On a hâte de pouvoir revivre ces moments d’échanges (de fluides corporels) sans inquiétude pandémique. Pour finir, le quintet fait bien les choses en clôturant l’album avec le bien nommé Terminates Here, une longue ballade caressante de 6 minutes qui fait l’effet d’être bordé dans un lit douillet.
Si Cabbage nous répète à tue-tête ‘There are no winners in affairs of the heart‘, ils ont quand même su envoûter nos petits cœurs d’artichauts grâce à leur opus revigorant. Sans jamais se prendre au sérieux, les cinq anglais développent un panel solide de styles et d’influences, et montrent que leur ambition foutraque est à la hauteur de leur talent.
A ECOUTER EN PRIORITE
Leon The Pig Farmer, You’ve Made An Art Form (From Falling To Pieces), Raus!, I Was A Teenage Insect
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