09 Fév 12 Busdriver – « Beaus$Eros »
Album
(Fake Four)
14/02/2012
Post hip hop
En 2009, Busdriver faisait chou blanc en sortant un « Jehlli Beam » prévisible malgré quelques titres réussis. Trois ans plus tard, après une courte récréation via le projet Flash Bang Grenada, le Mc tente de rattraper le coup, passe de chez Anti aux rangs de plus en plus peuplés du label Fake Four, et essaie par tous les moyens de s’émanciper de cette génération qui, pendant les années 2000, est parvenue à incarner un certain renouveau hip hop. En effet, alors que tous les acteurs de l’époque se répètent inlassablement ou ne font plus du tout parler d’eux, qu’on n’était pas loin de penser le retrouver dans le même wagon, le californien trouve le moyen d’emmener son approche atypique et la voix nasillarde qui le caractérise vers des contrées nouvelles.
Septième album de sa discographie, et à la différence de ses prédécesseurs, « Beaus$Eros » ne répond donc plus uniquement à la volonté d’exploiter coute que coute un flow débité à la vitesse de la lumière. En 2012, Busdriver joue la diversité, chante plus souvent qu’il ne rappe (« You Ain’t OG », « Colour Wheel »), s’aventure dans un registre plus que jamais marqué par des influences pop qui l’aident parfois à retrouver l’avant gardisme qui finissait par le fuir. Cette nouvelle salve marque ainsi sa différence par le biais d’un recours régulier à la mélodie (« Kiss Me Back To Life », « Scattered Ashes »), parfois à une complexité vocale que l’intéressé a bien pris soin de ne jamais rendre indigeste (« Picking Band Names », « Feelings »), et à des productions ouvertement electro et bass music (ou les deux comme en atteste l’entame « Utilitarian Uses Of Love ») signées par le seul et unique Loden (Mush Records).
A la manière de Buck 65 et Joelle Phuong Minh Lê (qu’on retrouve d’ailleurs avec Cocorosie et Mike Ladd sur « Electric Blue ») pour leur projet Bike For Three, les deux ne se sont jamais rencontrés, ont travaillé à distance, vérifiant donc eux aussi l’efficacité d’une méthode qui, à en croire l’aisance de Busdriver à avancer sur les beats du producteur belge (les efficaces « Bon Bon Fire », « NoBlacksNoJewsNoAsians », « Ass To Mouth »), ne vient jamais entacher l’osmose et la cohérence de cet album qui, s’il ne réconciliera pas le Mc à tous ses détracteurs, arrive à faire passer ses quelques excentricités pour de l’originalité plutôt que pour des lourdeurs. C’est toute la différence avec le Busdriver des quelques années passées qu’on était presque fatigué d’entendre. Retour gagnant donc.
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